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nécessaire, non peut-être pour lui, mais pour son fils Georges, roi de Grèce, en proie alors aux difficultés les plus graves par suite du mauvais vouloir que mettait la Turquie à exécuter les décisions du Congrès de Berlin, touchant les nouvelles frontières du royaume hellénique. Ces difficultés, c’est la France qui devait ultérieurement aider à leur solution avec le plus d’efficacité, en prenant l’initiative de démarches péremptoires auprès du gouvernement ottoman et en y associant les grandes Puissances. Mais cette intervention libératrice, que le successeur du roi Georges a bien oubliée, s’annonçait à peine et Christian IX comprenait la nécessité d’intéresser l’Empereur à la cause de son fils, dont la position serait compromise si la Grèce ne recevait pas en Thessalie et en Epire les satisfactions qu’on lui avait fait espérer.

Enfin une autre raison explique la détermination du souverain danois ; il ne se flattait pas d’obtenir de son gendre une soumission à la Prusse que peut-être lui-même n’eût pas approuvée, mais il savait que la cour d’Angleterre s’efforçait d’obtenir qu’au moins une partie du fonds guelfe fût restituée à la veuve du roi de Hanovre. Peut-être, en allant à Berlin, faciliterait-il la réussite de ce projet.

Dans la famille impériale, l’annonce de sa visite fut accueillie avec un contentement qu’on ne dissimula pas. En apprenant que les souverains danois s’arrêteraient dans la capitale à leur retour de Vienne où ils étaient allés voir leur fille, l’impératrice Augusta, qui se trouvait à Coblentz, regagna Berlin pour les recevoir, et le prince impérial, qui villégiaturait en Italie, accourut afin de donner par sa présence à cette visite souhaitée depuis longtemps le caractère d’un événement destiné à sceller la réconciliation définitive. A la fin de novembre, les souverains danois arrivaient à Potsdam et y étaient l’objet d’une réception cordiale. On s’attendait à les entendre plaider la cause de leur gendre et solliciter pour sa mère et pour lui la restitution de leur fortune séquestrée. Si telle avait été leur intention, ils s’étaient ravisés, et le nom du duc de Brunswick ne fut pas prononcé. En revanche, le Roi entretint le secrétaire d’Etat Bülow et le comte de Radowitz, ministre d’Allemagne à Athènes, venu en congé à Berlin, des intérêts de son fils et de la Grèce. Il rapportait de Vienne des promesses satisfaisantes du Cabinet austro-hongrois qui s’était engagé à agir à Constantinople