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Empires. En la supprimant, ils avaient fait disparaître une menace inutile et dangereuse. Quant à la publication survenue au moment où l’Allemagne avait des griefs particuliers contre le Danemark, il n’y fallait voir qu’une coïncidence fortuite. Le Cabinet austro-hongrois avait désiré cette publication pour attester aux yeux de ses deux parlemens que jamais ses rapports avec l’Empire allemand n’avaient été plus confians ni plus cordiaux.

« Nous nous sommes simplement prêtés à ce désir, ajouta Bülow en finissant, nous avons laissé toute l’initiative à l’Autriche qui seule a notifié officiellement le nouveau traité à la Cour de Copenhague. »

Satisfait par les explications, lord Odo Russell tenait à savoir si le Cabinet de Berlin était ou non animé d’intentions malveillantes contre le Danemark.

« Nous n’en avons aucune, lui fut-il répondu, et nous l’avons prouvé en remettant au point les relations diplomatiques. »

Mais après cette déclaration, le secrétaire d’Etat laissa entendre qu’il se pourrait que les rapports entre les deux gouvernemens restassent encore un peu tendus, l’Allemagne ne pouvant oublier si vite l’injure qui lui avait été faite ; c’était au Danemark à en effacer le souvenir. On lui signifiait ainsi que ce qu’on attendait de lui, c’était une soumission définitive, une résignation complète aux spoliations de 1864.


III

Entre temps, le Landlag brunswickois tranquillisé par l’Allemagne, quant à l’éventualité qu’il avait redoutée de l’annexion du duché à la Prusse, et assuré de conserver, au moins provisoirement, son autonomie avec un souverain particulier, avait exclu le duc de Cumberland de la succession du prince régnant. Il avait ensuite invité le gouvernement ducal à lui présenter un projet de loi « réglant l’ordre provisoire de la Régence en cas de vacance du trône. » Les ministres s’étaient empressés de déférer à ce désir. Le projet présenté par eux avait été voté, et la question pendante réglée comme suit : en cas d’absence ou d’empêchement du successeur légal, un conseil de régence serait institué ; si la succession n’était pas réglée dans l’espace d’un an, un régent, choisi parmi les princes non régnans des