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Guillaume, le futur Guillaume II, avec la princesse de Schleswig- Holstein-Augustenbourg ; elle fut définitivement consacrée par le succès, en 1913, lorsque le duc de Brunswick actuel, fils du duc et de la duchesse de Cumberland, épousa la fille du Kaiser.

A l’époque où notre récit a conduit le lecteur, il semble bien que Bismarck considérait qu’en ce qui touchait le Danemark, le but qu’il poursuivait était atteint et la leçon infligée au roi Christian suffisante. On n’en peut guère douter lorsqu’on le voit, le 25 janvier, un mois après le mariage danois qui avait déchaîné tant de colères, remettre tout à coup les relations diplomatiques avec le Cabinet de Copenhague sur le même pied que par le passé, en ordonnant à von Heydebrand d’aller présenter ses lettres de rappel, et à son successeur, le baron de Magnus, d’aller prendre possession de son poste.

A la fin de janvier, les explications échangées entre les diplomates à Berlin et à Copenhague, ayant remis les choses au point, le gouvernement danois était en droit de considérer comme dissipés les malentendus antérieurs, et la crise comme terminée. Mais elle allait se rouvrir de la manière la plus imprévue et susciter en Danemark des alarmes bien autrement vives que celles dont il venait d’être délivré.

Lors des négociations qui avaient eu lieu à Prague au mois d’août 1866, en vue de la conclusion de la paix entre l’Autriche et la Prusse, il avait été stipulé que l’empereur François-Joseph transférait au roi Guillaume tous les droits que la paix de Vienne du 30 octobre 1864 lui avait reconnus sur les duchés de Schleswig et de Holstein, « avec cette réserve que les populations des districts du Nord du Schleswig seraient de nouveau réunies au Danemark, si elles en exprimaient le désir, par un vote librement émis. » L’introduction de cette clause dans le traité définitif, où elle forme l’article 5, avait été proposée, ou pour mieux dire imposée aux contractans lors des pourparlers préliminaires de Nikolsbourg par le médiateur d’alors, l’empereur Napoléon III. C’était une lueur d’espoir laissée au vaincu, une fiche de consolation propre à alléger quelque peu pour lui les amertumes de la défaite. Mais, durant les douze années écoulées depuis le traité de Prague, cette disposition était restée à l’état platonique, en dépit des tentatives du gouvernement danois pour provoquer dans le Nord du Schleswig le vote « librement émis, » par lequel il avait chance