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contre l’empire allemand et de manquer aux égards que tout pays doit à ses voisins. »

Convaincu qu’il n’avait rien à se reprocher, le gouvernement danois ne se laissait pas encore troubler par la campagne des journaux allemands et, à son exemple, la population restait calme. Tout au plus se demandait-on, dans certains milieux, si l’opposition n’accuserait pas le Roi d’avoir compromis le pays pour une question de famille et d’intérêt privé. Mais tout le monde considérait que, lorsque la vérité serait mieux connue à Berlin et surtout lorsque les mariés auraient quitté le territoire danois, les agitations cesseraient.

Les réceptions du 1er janvier 1879 se ressentirent de cette disposition des esprits et se passèrent dans le plus grand calme. Le corps diplomatique et les principaux dignitaires de la Cour dînèrent au palais suivant l’usage. Les souverains témoignèrent d’une entière tranquillité. Aucune allusion ne fut faite à l’absence des représentans de l’Allemagne. Le Roi et la Reine se montrèrent particulièrement empressés auprès du ministre de France. Ils le chargèrent de renouveler au Président de la République l’expression de leur gratitude pour les félicitations qu’il leur avait adressées à l’occasion du mariage de leur fille.

Reçu dans la journée par le prince royal, le ministre de France avait recueilli de sa bouche des propos aussi bienveillans, inspirés, disait-il, par les bons souvenirs qu’avaient laissés au prince son court séjour à Paris et les attentions dont il avait été l’objet.

En transmettant ces détails à son gouvernement, notre représentant constatait que, durant cette journée, le duc et la duchesse de Cumberland ne s’étaient pas montrés dans la capitale. Ils étaient restés à Fredensborg où le Roi et la Reine devaient les rejoindre dans la soirée. Leur départ pour l’Autriche était fixé à quatre jours de là, au 5 janvier. Les membres du Cabinet l’attendaient avec impatience, convaincus qu’aussitôt après, la légation d’Allemagne se rouvrirait et que les relations diplomatiques entre l’Allemagne et le Danemark reprendraient leur caractère amical. Mais, au même moment, les journaux de Berlin redoublaient de violence, comme si leur inspirateur eût voulu qu’à Copenhague on pût mesurer combien l’offense avait été vivement ressentie. Ils accusaient le gouvernement royal de déloyauté et laissaient entendre que si le duc de Cumberland traversait