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l’ordre est de marcher encore, ils marcheront. Mais ils sont coupés du reste du monde. Toutes tentatives de communication par coureurs demeurent infructueuses : pas une ne parviendra à destination. Il est onze heures du matin, et il faudra rester ainsi jusqu’à la nuit. Et, la nuit venue, si lente pour eux malgré la saison, l’ennemi, pour les découvrir, inquiet de notre attaque, multiplie les fusées éclairantes, crée un jour artificiel pour les repérer dans leurs trous, balaye sans cesse le terrain du feu de ses mitrailleuses infatigables. Ceux qui sont revenus de cet enfer ont connu le sommet de l’énergie humaine. Au petit matin, enfin rappelés, ils se retrouvent aux Carrières.


L’attaque de face sur le fort de Vaux n’a pas réussi, parce qu’elle n’a pas pu être suffisamment étayée à l’Ouest, et surtout parce que l’artillerie n’a pas pu maîtriser les mitrailleuses. Pourtant, Vaux doit tomber : sa chute a été décidée. Le commandement ordonne de reprendre la préparation d’artillerie. Il faut reporter notre ligne un peu en arrière, jusqu’aux Carrières et au Petit Dépôt. Le mauvais temps et l’extrême difficulté des observations vont prolonger cette préparation. Elle n’arrête pas la longue lutte entreprise sur la gauche de la division pour nous assurer la possession définitive de la croupe du bois Fumin. Après la première ligne des tranchées ennemies, après les ouvrages d’Hindenburg et de la Sablière, le 230e a rencontré l’obstacle des tranchées de Gotha et de Siegen. Il en a triomphé, mais pour tomber sur les retranchemens d’Altenkirchen et de Fritzlar. Ces retranchemens vont de la croupe du bois jusqu’aux pentes Ouest qui descendent sur l’étang de Vaux et sur le village. Successivement, les bataillons Berthelot, Roman, Rendu, ont fourni leur effort prolongé. Le 26 octobre, le 5e bataillon du 305e (commandant Ballay) est mis à la disposition du lieutenant-colonel Viotte qui commande ce secteur. Une nouvelle attaque sera tentée sur Altenkirchen et Fritzlar, afin qu’une ligne solide puisse être établie de la corne Sud-Ouest de l’étang de Vaux à la croupe de Fumin. Au bataillon frais du 305e le colonel Viotte joint deux compagnies du 6e bataillon du 230e. Ce bataillon est commandé par le capitaine Rendu, officier de réserve, qui est le petit-neveu de la célèbre sœur Rosalie, Fille de la Charité. Les lieutenants-instituteurs Philippe et Goury ont