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entreprendre le siège. Le général de Lardemelle avait jugé plus prudent et plus sûr de poursuivre leur réduction avec les unités amenées à leur faire face et de rétablir avec les réserves le dispositif face à la direction des contre-attaques probables. Ainsi les circonstances l’avaient-elles contraint, pour s’emparer du Petit Dépôt, à exécuter une manœuvre d’encerclement par les deux ailes, le 71e bataillon de chasseurs à gauche, et le bataillon Picandet du 299e à droite. Mais il avait utilisé, pour cette manœuvre, les forces qu’il destinait à l’assaut du fort.

Le combat a continué toute la nuit du 24 au 25. Le 25 au matin, de la gauche à la droite, la situation est la suivante. Du ravin des Fontaines, la reconnaissance du capitaine Favre s’est avancée jusqu’à l’étang de Vaux et à la digue sans rencontrer de difficulté : des abris à l’Est de la digue elle a ramené 80 prisonniers. Mais l’ennemi tient la crête et les pentes Ouest du bois Fumin. Devant les tranchées de Gotha et de Siegen, le bataillon Berthelot et le bataillon Roman du 230e régiment sont arrêtés. Seul, le bataillon Rendu, à gauche, pourrait avancer en bordure du ravin, et le sous-lieutenant Place, qui a remplacé le capitaine Favre dans le commandement de la 23e compagnie, est retourné à la digue ; mais l’arrêt de la droite ne permet pas cette progression isolée. Le 333e régiment est en bonne posture, au delà des Carrières qu’il a emportées à l’Est de la route du fort. C’est de son côté qu’une attaque sur le fort pourrait être tentée avec chance d’aboutir. Les deux bataillons de chasseurs ont reçu l’ordre de se reconstituer en réserve de division. Avec leur aide, le 299e a donc fini par enlever le Petit Dépôt, vers minuit, et par s’établir au delà, en liaison avec le 333e. Entre lui et le 222e, le long couloir formé par le boyau des Maîtres-Chanteurs ramène cette ligne en arrière. Enfin, le bataillon Desrochers du 222e et le bataillon Baillods du 30e ont atteint du premier coup leur objectif, au delà de la batterie de Damloup, sur la crête qui domine le fond de la Horgne, coupant la jetée qui aboutit au village de Damloup et tenant sous leurs feux le fond de la Gayette.

Le commandement estime cette situation assez nette pour que l’assaut du fort de Vaux puisse être ordonné. N’est-il pas en droit de compter sur le désarroi causé par la chute de Douaumont pour paralyser l’adversaire ? Il met trois bataillons de la