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Tel est le bilan de la bataille de Vaux au soir de la première journée. Toute la première ligne des tranchées ennemies, de Hindenburg à Werder, est tombée. A droite, la victoire est complète. Nous tenons sous nos feux le fond de la Gayette. La prise de la batterie de Damloup nous ouvre, d’une part, le chemin du village, et de l’autre l’accès du fort par l’Ouest, en descendant dans le fond de la Horgne et en remontant ses pentes Est. Au centre, la prise, lente et difficile, du Petit Dépôt, après celle, si rapide, des Carrières, nous conduit aux abords du fort, mais laisse à franchir une distance à découvert, facile à surveiller et à battre. A gauche, si nous tenons le ravin des Fontaines qui nous permettra de marcher vers l’étang et la digue, nous sommes barrés au bois Fumin par la défense de la tranchée Gotha. Au prix de sacrifices cruels et sanglans, nous nous sommes rapprochés, mais les cris de victoire poussés à Douaumont n’ont pas eu d’écho à Vaux. Le fort assailli se défend : il reçoit des renforts, toute l’artillerie ennemie concentre ses feux pour le protéger. Le grand Sphinx dressé au-dessus de la Woëvre garde encore son énigme.


II. — SUR LE FORT
(25 octobre.)

Si la journée du 24 octobre n’a pas été marquée, à l’aile droite de l’armée française, par un succès aussi complet qu’à son aile gauche à la Carrière d’Haudromont et à son centre à Douaumont, la division de Lardemelle a pu néanmoins réaliser un progrès suffisant pour se rapprocher du fort de Vaux à distance d’assaut. Surtout elle a réduit un à un les obstacles rencontrés, ne laissant subsister derrière elle aucune menace, et, à mesure qu’elle avançait, elle a consolidé son front qui a résisté à toutes les contre-attaques. La préparation d’artillerie n’avait pas écrasé toutes les tranchées ennemies qui, au centre, ont ralenti notre offensive. Le brouillard de la matinée du 24 avait empêché les réglages sur le fort même. Enfin l’importance des centres de résistance qui s’étaient révélés au cours de l’attaque n’avait pas permis à nos troupes de première ligne de contourner ces îlots sous le feu des mitrailleuses sans en