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ans, que suivent, comme des fétiches, ces hommes qui ont passé la trentaine.

Le 23 octobre, les hommes occupent leurs tranchées de départ. Le 24 octobre au matin, ils sont prêts. Ils ne regardent plus en arrière, du côté du foyer, de la maison, mais devant eux, là, ce terrain défoncé que martellent nos obus, cette ligne imperceptible qui abrite l’ennemi. Malgré le brouillard, ils la peuvent apercevoir, car les lignes, sur presque tout le front du secteur, sont très rapprochées. Cependant la préparation d’artillerie sur le fort de Vaux devait se faire principalement dans la matinée du 24, et le brouillard empêche les réglages.

Le général de Lardemelle a disposé ses troupes en deux groupemens : à gauche, entre le Nez de Souville et la route qui conduit au fort de Vaux, le groupement Challe comprenant, de la gauche à la droite, le 230e régiment, le 333e (moins le bataillon de réserve de division), les deux bataillons de chasseurs (50e et 71e) et le bataillon Casella du 299e ; à droite, entre la route de Vaux et le fond de Beaupré, le groupement Giralt composé d’un bataillon du 299e régiment, du 222e et d’un bataillon du 30e

Il faut d’abord emporter la première ligne continue des tranchées ennemies, du Nez de Souville aux pentes Sud du fond de la Gayette, puis il faut parvenir à la seconde ligne qui appuie le fort à l’Ouest et à l’Est et pour l’atteindre forcer au préalable la série des ouvrages intermédiaires. Le fort sera le troisième et dernier objectif. Le départ dans le brouillard se fait dans un ordre et avec un élan magnifiques. Toute la première ligne ennemie tombe, sauf la tranchée Clausewitz au centre, et une partie de la tranchée Mudra un peu plus à droite. Mais les obstacles se multiplient. C’est une série de véritables forteresses qui exigent un siège : redoute d’Hindenburg au Nez de Souville, réduit de la Sablière dans le ravin du même nom, Clausewitz organisé en caverne avec retranchemens et meurtrières, Grande Carrière à gauche et Petit Dépôt à droite de la route du fort. Abri de Combat et batterie de Damloup à l’extrême droite. De ces réduits, les uns sont enlevés d’emblée, comme l’Abri de Combat, la batterie de Damloup, la Grande Carrière, mais la plupart retardent ou empêchent la marche en avant et ne tombent entre nos mains que la nuit venue : tels la redoute d’Hindenburg, la Sablière, Clausewitz le Petit