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de la 50e division. La 33e division (67e, 364e et 130e régimens), qui avait subi de grandes pertes dans les combats du début de septembre, avait été reconstituée avec des renforts de bonne qualité, anciens soldats blessés et renvoyés au front. Elle tenait les organisations du bois Fumin et de la Vaux-Régnier, ses réserves dissimulées dans le ravin du Muguet et le fond du Loup. La 50e division (53e, 39e et 158e régimens) allait du bois Chesnois à Damloup, ses réserves dans le ravin de la Plume et au Nord de Damloup. Elle fournissait au fort sa garnison (deux compagnies du 53e). Elle était favorisée par un système défensif puissant et profond, incomplètement détruit par notre préparation d’artillerie. Les déserteurs et les prisonniers faits dans cette région, au cours des journées qui précédèrent la bataille du 24 octobre, déclarèrent que l’ennemi s’attendait à être attaqué et s’y préparait. Il n’y eut pas d’effet de surprise, tandis que Douaumont se croyait hors d’atteinte.

La tâche assignée à la division de Lardemelle, qui livrera la bataille de Vaux, est donc particulièrement délicate et difficile. Les régimens qui composent cette division (230e, 333e, 299e, 222e plus un groupe de deux bataillons de chasseurs, les 50e et 71e et un bataillon du 30e régiment) sont, je l’ai dit, fournis par des contingens du Dauphiné, de la Savoie, du Bugey. Peu ou pas de jeunes classes, des hommes mûrs, la plupart mariés et pères de famille, presque tous paysans, graves et braves, un peu taciturnes, et qui, après avoir donné leur sueur à la terre, sauront lui donner leur sang. « Si vous êtes en fâcheuse posture, déclarait le général de Négrier, s’il vous faut faire appel au dévouement et au cœur de la troupe, c’est le paysan de France qui vous tirera d’affaire. Croyez-en un vieux légionnaire. » Certes, nous ne serons jamais en fâcheuse posture pendant la bataille de Vaux ; mais il faudra durement besogner. Tandis que leurs camarades de gauche, plus heureux, se reposeront le soir même sur les objectifs conquis, les soldats de la division de Lardemelle ne connaîtront pas d’arrêt jusqu’à leur relève. Mais ces paysans armés sauront remuer le sol et tracer peu à peu leur sillon. « Pour résoudre le problème posé à la division de Lardemelle le 24 octobre, a écrit un bon juge, problème qui s’est révélé formidable dès la première minute, il a fallu le paysan de France conduit par des cadres exceptionnels. » Ces cadres, souvent de petits capitaines de vingt à vingt-cinq