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Nicolaÿ conduit son bataillon à l’attaque du camp de Heurias. Ce camp de Heurias est disposé sur les pentes du ravin qui porte le même nom, en arrière d’Hardaumont et devant Louvemont. Il constitue la défense qu’il faut réduire avant que Louvemont soit à découvert. C’est une sorte de redoute avec des abris-cavernes. La surprise permettrait d’en occuper les issues et de s’en emparer sans coup férir. Mais il n’y eut pas de surprise. Les premières vagues furent retardées par la boue épaisse qui se collait aux semelles. Quand elles déferlèrent, la garnison avait eu le temps de sortir et de se mettre en arrêt. Elles furent accueillies par une fusillade meurtrière. Un tireur ajuste le commandant qui marchait avec elles. Comment n’aurait-il pas reconnu en lui le chef ? Tout le désignait, sa haute taille, son allure, cette sorte de majesté qui émanait de sa personne. Il méritait l’honneur d’être choisi. Son destin l’attendait. Il fut atteint d’une balle entre les deux yeux, et tomba d’un seul coup. Mort, il continua de servir. Ses soldats enragés le vengèrent, et le camp de Heurias fut emporté.

Ainsi devait finir le commandant Nicolaÿ, revenu d’Indochine pour prendre le fort de Douaumont.


Henry Bordeaux.