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une protection dans les trous d’obus ; ils cessèrent dès lors d’être disponibles soit comme soutiens de la première ligne, soit pour les contre-attaques locales automatiques telles qu’elles sont recommandées par les instructions du commandement allemand. Les tirs de destruction, de neutralisation, d’aveuglement, ont produit leur effet sur les batteries et les observatoires. Le 22, au cours d’une attaque simulée, 160 batteries s’étaient dévoilées en quelques instans, tirant sur le secteur Hardaumont-Vaux-Chapitre. Le 24, jour de l’attaque, dans toute la journée, une centaine au plus ont été vues en action sur ce même secteur. On peut juger par là des résultats de notre tir. Quant aux pertes infligées à l’infanterie ennemie au cours de la préparation, elles furent si élevées que, dès le 23, il était devenu nécessaire de renforcer ou plutôt de relever presque toutes les unités en ligne. Les relèves furent tentées dans la nuit du 23 au 24 : notre canon les fit avorter ou ne permit aux renforts d’arriver qu’avec des effectifs très réduits. Une carte avait été dressée le 17 octobre des camps et des chemins de relèves de l’ennemi. Les interrogatoires ont permis d’établir que les relèves avaient effectivement et exactement suivi les itinéraires ainsi repérés et y avaient été impitoyablement saisies, détruites ou dispersées par notre canon. Les réserves furent de même atteintes dans leurs camps et aux emplacemens que nos renseignemens leur assignaient.

Notre attaque s’était donc déclenchée dans les conditions les plus favorables. Ainsi put-elle atteindre d’un seul élan, sur tout le front, sauf dans le secteur de Vaux, les objectifs extrêmes qui lui avaient été fixés. Au centre, dans le secteur Thiaumont-Douaumont, la résistance opposée par les 34e et 54e divisions fut promptement brisée, et le fort de Douaumont tombait entre nos mains. La 34e division ne comptait que trois régimens qui s’attendaient d’un jour à l’autre à être retirés du front de Verdun. La 54e ne disposait plus que d’effectifs affaiblis, cent hommes par compagnie. Les relèves intérieures, commencées dans, la nuit du 23 au 24, n’étaient pas encore terminées. Cette avance foudroyante sur Douaumont produisit un effet de terreur sur les divisions voisines de droite (25e D. R.) et de gauche (9e D.), qui eurent la sensation d’être débordées et ne résistèrent guère. A la 25e division, quelques élémens, dont le 3e bataillon du 83e régiment, réussirent à se soustraire à notre étreinte par