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... La ligne atteinte à présent doit être tenue et renforcée par une défense acharnée... Le développement des travaux visera à établir plusieurs positions comprenant chacune plusieurs lignes...

Il importe tout d’abord, — notamment dans le secteur Thiaumont-Bergwald (Vaux-Chapitre), — de renforcer si bien la première ligne qu’elle puisse résister même à de fortes attaques et de diminuer les pertes des relèves en construisant des boyaux et des tranchées d’approche... Le temps qui nous sépare de la mauvaise saison et les forces importantes qui peuvent être mises encore en première ligne doivent être utilisés avec la dernière énergie en vue d’activer les travaux, de façon que des difficultés ne surgissent pas en hiver, ou en cas de diminution des effectifs...

... La continuation des attaques ennemies doit, aux termes d’un ordre intercepté par nous, être attendue avec certitude sur la rive droite de la Meuse. Tous les postes de commandement doivent donc mettre au point l’attitude à tenir au cas où l’adversaire déboucherait sur un point de nos positions, ou au cas où des attaques généralisées de sa part réussiraient. Ce calcul doit prévoir minutieusement toutes les éventualités concevables et préparer dans les moindres détails les contre-mesures les plus pratiques. Il faut à ce sujet faire connaître ses intentions aux unités voisines, afin que ces dernières puissent, le cas échéant, collaborer aux contre-attaques...

La situation exige qu’on ménage des forces disponibles constamment prêtes à un nouveau coup de collier et acharnées au travail, et cela partout. La relève des divisions qui, jusqu’ici, avait lieu fréquemment, il n’y faut plus compter...


Le général von Lochow jouissait en Allemagne d’une grande réputation avant le 24 octobre 1916. Il dirigeait en janvier 1915 les opérations devant Soissons, ce qui lui valut l’ordre pour le Mérite auquel l’Empereur ajouta, l’automne suivant, les feuilles de chêne. Le 17 octobre, huit jours avant la bataille, comme l’Empereur, accompagné du Kronprinz, inspectait devant Verdun les « troupes de choc » que le général von Lochow commandait, ce dernier adressa au visiteur une harangue enflammée dont le texte parvint au fort de Douaumont, juste à temps pour nous être communiqué. « Nous soupirons tous, disait le général, après le moment où il nous sera permis d’attaquer une fois de plus, dès que Votre Majesté jugera que le moment est venu. » Malheureusement, ce sont Joffre, Pétain, Nivelle et Mangin qui ont jugé le moment venu. Il y a ainsi des coïncidences, mais fâcheuses.