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LES YEUX DE L’ASIE [1]
II
LA LETTRE DU CAVALIER

Hâtez-vous de remettre cette lettre à :

La sœur du Risaldar en retraite Major Abdul Qadr Khan,

Dans sa maison derrière le temple de Gulu Shah, près du village de Korake, dans le Pasrur Tehsil du district de Sialkot, province du Pendjab. — Expédiée du pays de France, le 23 août 1916, par

Duffadar Abdul Rhaman du 132e (Pakpattan) de cavalerie, anciennement Cavaliers de Lambart »

Que tous les employés des postes du gouvernement fassent diligence avec cette lettre.


Mère, ce que j’ai à vous annoncer, c’est que, pour la première fois en cinq mois, le courrier ne m’a pas apporté votre lettre. Mes pensées sont toujours avec vous. Mère, penchez votre oreille et écoutez-moi. Ne vous tourmentez pas ; je serai bientôt revenu avec vous. Imaginez que je suis simplement allé à Lyallpur [2] ; supposez que j’y ai été retardé longtemps par un officier, ou que je ne suis pas encore prêt à revenir. Mère, pensez à moi toujours comme si j’étais resté tout près de vous : je m’imagine bien, moi, que vous êtes toujours auprès de moi. Du courage, mère ! Il n’y a rien dans ce que j’ai

  1. Voyez la Revue du 1er mai.
  2. Grand dépôt de recrutement dans l’Inde.