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sécateur, la traite des vaches, les vendanges aux blessés des mains ; le jardinage aux blessés des hanches ; divers travaux de labourage, de jardinage, de bêchage, de sulfatage, d’abatage d’arbres aux blessés des genoux ou des pieds, etc.

L’hôpital où se fait la physiothérapie agricole est une annexe d’un grand hôpital urbain où sont sélectionnés pour y être envoyés les blessés qui peuvent et doivent pratiquer la cure agricole. Ils sont, sous la surveillance constante des médecins et de quelques gradés blessés eux-mêmes et circulant à bicyclette, répartis dans les installations agricoles qui en font la demande, mais avec cette obligation pour l’employeur d’exécuter les prescriptions du médecin inscrites sur la carte du blessé, de le nourrir comme lui-même et de lui payer une indemnité qui est la même, quels que soient le travail fait et le degré de validité du travailleur, étant entendu que celui-ci est là avant tout pour se guérir et ne peut recevoir de salaire.

Au point de vue administratif, il y avait plusieurs manières d’envisager l’organisation du travail agricole ; notamment les suivantes qui ont été successivement préconisées et essayées :

1° Travail dans l’hôpital même ou dans une ferme-hôpital. On a dans ce cas l’avantage d’une très bonne et facile surveillance médicale et disciplinaire. En revanche, la surface cultivable dans ces conditions est ordinairement insuffisante ; il y a trop de main-d’œuvre pour le travail à faire ; le travail lui-même est un peu factice, et au total le rendement économique est médiocre.

2° Travail en équipes envoyées chez l’employeur sous la surveillance d’un gradé. Ce système, qui a l’avantage de ne nécessiter qu’une organisation très simplifiée, présente les inconvéniens que voici : la surveillance médicale est à peu près nulle et la surveillance disciplinaire dépend exclusivement du gradé choisi et est par conséquent très variable. Dans ces équipes les grands impotens sont difficilement acceptés ou ne font rien ; il y a trop de blessés ensemble.

3° Congé de travail ; l’homme est envoyé chez lui pour cultiver son champ, ce qui est pour lui une satisfaction morale énorme et est en somme plus juste que de le faire travailler pour autrui. En revanche, il n’y a plus dans ce cas aucune surveillance médicale, ce qui facilite l’avènement d’habitudes et d’attitudes vicieuses ; le rendement est très mauvais avec les blessés qui n’ont pas été déjà rééduqués fonctionnellement.

En revanche, il est meilleur, ou même très bon, avec ceux qui ont fait déjà du travail agricole sous la surveillance du médecin avant de