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RÊVERIES D’APRÈS GUERRE
SUR
DES THÈMES ANCIENS

II[1]
LA DOUCEUR DE VIVRE

Au nombre des élémens dont se constituait l’agrément de la vie d’autrefois, outre la simplicité, comptait assurément la politesse ; non point celle qui consiste en la connaissance et la pratique des usages mondains et qui n’est point du tout méprisable, puisqu’un philosophe considérait cette science des « belles manières » comme « indispensable au bonheur et à la vertu des hommes. » Nos pères la possédaient à fond, et nous n’avons rien à leur envier sur ce point, encore qu’ils fussent plus ombrageux que nous et y apportassent des raffinemens qui nous paraîtraient aujourd’hui excessifs. Dans les salons les plus libres de la fin du XVIIIe siècle, tels que celui du château de Hautefontaine dont Mme de la Tour du Pin et Mme de Boigne nous font un si étonnant tableau, le dérèglement des mœurs se dissimulait sous une apparence de suprême réserve ; jamais, par exemple, un homme ne se serait assis sur un même sofa à côté d’une personne de l’autre sexe, fùt-elle sa mère ou sa sœur, et celui « qui aurait posé sa main sur le dossier d’un fauteuil occupé par une femme aurait paru grossièrement insolent

  1. Voyez la Revue du 1er mai.