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Sénat ait repoussé cet amendement, car s’il avait été maintenu, il aurait eu pour conséquence de détourner de nos navires les chargeurs qui assurent leurs marchandises où bon leur semble et ne sont nullement disposés à subir un monopole. En revanche, il est profondément regrettable que le rejet du taux maximum laisse encore les armateurs sans recours contre les exigences possibles de la Commission exécutive. J’ai insisté sur ce point pour montrer les conséquences fâcheuses que peuvent entraîner les projets de loi hâtivement votés.

Je ne puis quitter le navire sans parler de son entretien. Il est en lui un organe particulièrement délicat dont il est nécessaire de diminuer la valeur, à chaque bilan, par des amortissemens en rapport avec sa durée normale : c’est l’appareil évaporatoire. Malheureusement, les chaudières s’usent beaucoup trop vite à bord de nos navires. Le fait a été constaté par le ministre de la Marine, dont les services ont dû élaborer toute une série de recommandations relatives à la mise en place des plaques de zinc dans les chaudières marines, pour en éviter la corrosion, à l’embarquement de l’eau douce, à l’emploi de la soudure autogène, aux soins que comportent les chaudières cylindriques des navires réquisitionnés, etc. En outre, un rapport de M. l’ingénieur Ziegel sur l’entretien des chaudières des bâtimens de commerce en Angleterre, document de la plus haute importance pour l’armement français, indique que les difficultés dont nous souffrons ne se sont pas produites sur les navires anglais. Cette différence radicale n’est pas due à des méthodes techniques spéciales ; la seule et unique cause réside dans le soin extrême apporté aux chaudières par les mécaniciens et chauffeurs anglais, aussi bien dans la navigation commerciale du temps de paix que dans le service de guerre. Il est extrêmement rare, en effet, que l’on soit conduit à changer les chaudières d’un navire anglais avant que la coque elle-même « soit à bout de course, » c’est-à-dire dans un délai de vingt ans environ.

De pareilles constatations méritent de solliciter au plus haut degré l’attention de nos armateurs. Tout doit être mis en œuvre pour obtenir que les organismes essentiels des navires de commerce battant notre pavillon reçoivent les soins journaliers qui assurent leur bon fonctionnement et leur durée. Mais ce n’est pas là, seulement, un problème d’organisation