Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

syndicats professionnels, on impose à la Marine marchande des règlemens dont cette industrie ne peut pas s’accommoder ; chaque fois que se présente une difficulté d’application, on force les Compagnies à établir par des témoignages et des attestations écrites qu’elles se trouvent dans l’impossibilité de satisfaire aux prescriptions réglementaires. Alors, et alors seulement, on leur accorde le droit de les violer. Mais, pendant tout ce temps, le navire a attendu au port qu’une solution intervînt !

Les armateurs auraient le droit d’être découragés par la mesquinerie de pareilles entraves. Je pourrais citer l’exemple relatif au commandement des navires chasseurs de pêche, aux officiers mécaniciens, etc. En ce qui concerne ces derniers, le décret du 9 avril 1912 se traduit par une classification des navires en de si nombreuses catégories qu’il est difficile de trouver le brevet qui convient à la fonction. Il faudrait également relater les difficultés de recrutement des états-majors de voiliers longs courriers. Certaines circulaires ministérielles ont bien admis, en dérogation à l’article 14 du décret du 27 juillet 1908 (encore une nouvelle dérogation), les capitaines au cabotage à remplir exceptionnellement les fonctions d’officiers, à bord des voiliers longs courriers, mais sous réserve que toutes les recherches en vue de trouver des lieutenans au long cours soient demeurées infructueuses. C’est toujours le même système : on est obligé, pour découvrir un officier remplissant les conditions voulues et consentant à s’embarquer, de discuter avec les syndicats intéressés, qui doivent fournir l’attestation qu’il n’y a pas d’officier disponible et de faire ensuite une démarche auprès de l’Administration de la Marine. Finalement, l’autorisation d’embarquer un capitaine au cabotage est accordée, mais le navire n’en a pas moins été retardé durant un laps de temps parfois assez long.

Même souci quand il s’agit de faire commander les bateaux de pêche et les chalands ou de trouver des médecins sanitaires, Quant à la navigation coloniale, on a multiplié sous ses pas les chausse-trapes. Cependant, plus même que ceux de la métropole, nos capitaines coloniaux ont besoin de liberté pour composer leurs équipages. En présence de ces restrictions, ils ne sont plus à même de lutter contre leurs camarades des autres nations qui, eux, peuvent armer leurs navires entièrement avec des indigènes de toutes nationalités.