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« A nos divisions revient l’honneur insigne de lui porter un coup retentissant qui montrera au monde la déchéance de l’armée allemande.

« Nous allons lui arracher un lambeau de cette terre où tant de nos héros reposent dans leur linceul de gloire.

« A notre gauche combattra une division déjà illustre, composée de zouaves, de marsouins, de Marocains et d’Algériens : on s’y dispute l’honneur de reprendre le fort de Douaumont.

« Que ces fiers camarades sachent bien qu’ils peuvent compter sur la Gauloise pour les soutenir, leur ouvrir la porte et partager leur gloire !


« Officiers, sous-officiers, soldats,

« Vous saurez accrocher la croix de guerre à vos drapeaux et à vos fanions ; du premier coup, vous hausserez votre renommée au rang de celle de nos régimens et de nos bataillons les plus fameux.

« La Patrie vous bénira. »


Cet ordre du jour, c’est un sous-officier de chasseurs à pied qui me l’a montré. Il le remâchait comme un cheval son avoine.

— Douaumont ! me dit-il. Pourquoi leur a-t-on donné Douaumont ?

Il enviait les marsouins, les tirailleurs et les zouaves.

— Il faudra le prendre, objectai-je.

Il me considéra, étonné :

— Oh ! c’est couru, déclara-t-il simplement.

Quelles troupes que celles-ci qui, d’avance, se disputent l’enjeu ! Et quelle influence d’hypnose exerce sur tous ce nom de Douaumont ! Je n’ai guère assisté à un départ aussi plein d’ardeur. D’habitude, on montre moins d’entrain, plus de souci. Le secteur n’est pas engageant : il est connu et il ne jouit pas d’une réputation de tout repos. Tandis que ces régimens vont au but avec certitude. Douaumont, ce formidable Douaumont tombé on ne sait comme le soir du 25 février, où la division Mangin n’a pu se maintenir le 24 mai, après y être rentrée le 22, leur appartient d’avance.

Les soldats de la division de Lardemelle, — chasseurs et biffins, — n’auront pas Douaumont devant eux. Vaux est leur