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grandes espérances de noire pays est que cette race sorte du formidable conflit où les âmes auront été si rudement soumises à l’épreuve du feu. Il faudra des hommes au cœur généreux qui s’interdisent de rapetisser et de déformer par l’esprit de parti les grandes questions de politique intérieure, des hommes d’un mâle vouloir et qui sachent exiger du gouvernement une politique aussi élevée dans ses visées qu’énergique dans ses moyens. »

L’auteur envisage, avec une confiance et une sérénité vraiment surprenantes, la fin d’une guerre qui aura rendu, croit-il, l’Empire allemand plus puissant encore, et assuré la reprise prospère des progrès de la nation allemande. Il voit, après cette lutte formidable, la solidité de l’œuvre allemande raffermie et la réalisation de cette parole de Gneisenau : « La Prusse ne pourra plus être asservie, car le peuple tout entier prend part à la lutte. Il a fait preuve d’un grand caractère et c’est ce qui le rend invincible... Ce qui était vrai pour la Prusse, ajoute M. de Bülow, est vrai aujourd’hui pour l’Allemagne qui combat contre un monde d’ennemis et qui a la volonté de s’assurer une paix glorieuse. »

Quels en seraient donc les résultats ? Les doux Allemands, qui ne voulaient pas la guerre, ne souhaitaient qu’une chose : consolider et développer parmi les nations leur situation pour les travaux de la paix. « Mais, remarque M. de Bülow avec amertume, il est écrit que le peuple allemand ne pourra réaliser sa destinée et remplir son rôle dans l’Histoire qu’à travers des chemins bordés d’épines !... Notre peuple ne s’est d’ailleurs jamais rebuté et il ne se rebute pas davantage aujourd’hui. Dans un admirable esprit d’union et de résolution, il montre à l’univers que sa volonté, son courage et sa force dominent l’Histoire et l’emportent sur la Fatalité. Ces qualités, — dont aucun peuple ne témoigna jamais avec une aussi profonde et aussi ferme confiance en Dieu, avec un cœur aussi pur, avec tant de simplicité et tant d’unanimité dans l’abnégation, — ces qualités, le peuple allemand espère et croit qu’elles lui vaudront une paix digne de tels exploits, digne de tels sacrifices, digne de sa patrie, une paix enfin qui lui assure de vraies et sérieuses garanties pour l’avenir. »

En présence de tels éloges, on se prend presque à douter de la sincérité de l’auteur. Quoi ! ce peuple, qui est toute l’armée