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du tapis, demande une audience au docteur Linley Sahib, s’il est encore à Amritzar. Il connaît les tapis. Dis-lui tout ce que je t’ai écrit sur cette vieille dame — que Dieu t’ait en sa garde avec ce qui reste de sa maison ! — et il avisera. Je ne connais pas le docteur Sahib ; mais il voudra bien avoir l’œil à cela, puisque c’est la guerre. Si le tapis va jusqu’à cinquante roupies, je puis sans crainte le payer avec l’argent qui m’est dû sur nos terres. C’est une vieille dame, il faut donc qu’il soit doux à ses pieds et qu’il ne risque pas de glisser sur le parquet de bois. Elle est de bonne famille et de bonne éducation.


Nous devrons à l’avenir faire instruire nos enfans. C’est l’opinion de tout le régiment, car, avec de l’éducation, les femmes mêmes accomplissent des merveilles, comme les femmes de Franceville. Que les garçons et particulièrement les filles apprennent à lire et à bien écrire. Ici, l’instruction est donnée par ordre du gouvernement. Les hommes passent tous leurs jours à la guerre : ce sont les femmes qui font tout le travail de la maison, parce qu’elles ont été bien instruites dans leur enfance. Nous autres du Pendjab n’avons su jusqu’à présent que lier un buffle à la charrue. Il est temps maintenant de lier au jongles vaches laitières. Dis-le bien aux anciens du village et exerce une influence.

Mais revenons à la culture. Les méthodes à Franceville sont bonnes. Tous les outils agricoles sont en fer. Ils ne cassent pas. Un homme a toujours sous la main les outils dont il a besoin pour son travail et les réparations de sa maison. Il n’a pas à retourner jusqu’au village à un mille de là, si quelque chose casse. Nous autres dans le Pendjab nous n’avons jamais pensé, comme le font ces gens, que toutes les réparations d’outils et de charrues peuvent être faites sur place. Tout ce qui est nécessaire quand une courroie casse, c’est que chaque laboureur ait sur lui une alêne et un tranchet pour coudre le cuir. Comment procède-t-on à cet égard dans notre pays ? Si le cuir casse, nous disons, nous fermiers, que le cuir est impur et nous retournons des champs au village pour le faire raccommoder par le savetier. Impur ? ne manions-nous pas ce même cuir après qu’il a été réparé ? Et même ne buvons-nous pas de l’eau toute la journée avec la même main qui a transpiré sur le cuir ? En attendant, nous avons sûrement perdu une heure ou deux en allées et venues