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quelqu’un, c’est à moi qu’on en aurait écrit et qu’on ne se serait pas adressé a des étrangers pour vous engager à faire ce qui est d’ailleurs dans votre cœur… Je prie Dieu qu’il vous éclaire, afin que vous n’ayez pas à vous repentir de la décision que vous prendrez. »

Planat, à la vérité, s’est rendu odieux à la reine Catherine : « C’est, écrit-elle, un être immoral, fourbe et tartufe, » mais cette opinion n’a influé en rien sur celle de Fesch, qui ne communique pas plus à la Famille les résolutions qu’il adopte que les renseignemens qu’il reçoit de Bertrand.

Mme de Montholon a réuni, outre Planat, un médecin et un prêtre : le baron Desgenettes, invité par le ministre des Affaires étrangères de France à désigner un médecin propre à être envoyé à Sainte-Hélène, a, sur le conseil de l’ambassadeur d’Angleterre, choisi le docteur Pelletan fils, médecin du Roi par quartier, l’un des hommes qui honorent le plus la science française, Consulté par le ministre, M. de Quélen, coadjuteur de Paris, a répondu : « J’irai, moi, je m’offre volontiers pour conquérir cette âme à Dieu ; » sur les représentations du ministre relativement à l’âge du cardinal de Périgord, auquel il doit succéder, M. de Quélen a désigné M. Deguerry qui vient d’être ordonné prêtre, mais dont le mérite est déjà éclatant. De plus, patriote à la bonne façon, car, en 1814, il s’est échappé du collège de Villefranche pour demander des armes au maréchal Augereau. Il semble enfin que Mme de Montholon ait pensé à faire offrir par Gourgaud une place de secrétaire à Casimir Bonjour. « Voulez-vous être secrétaire de l’Empereur, lui aurait dit Gourgaud qui le voyait pour la première fois à un dîner chez Mme Tiran, sa sœur… L’Empereur désire un homme de lettres capable, jeune et obscur. Si la place vous convient, je sais par ma sœur que vous convenez parfaitement à la place. Je vous choisis !… » Mais à l’Empereur, Bonjour préfère, à ce qu’il dit lui-même dans ses précieux Mémoires, la Comédie-Française où il a une pièce reçue, et il refuse. Mme de Montholon engage pour le remplacer et pour servir de précepteur à ses fils un M. Audrand, professeur à Juilly, car, dans l’impossibilité où est Montholon d’abandonner l’Empereur dont les jours sont comptés, elle va le rejoindre avec ses enfans. Tout le monde fait ses préparatifs et Planat, muni des lettres d’Hortense et de Julie pour l’Empereur, s’apprête à rejoindre la petite troupe,