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ont déjà opéré la conquête du Cameroun, et leur chef, le général Cunliffe, y a joué un rôle particulièrement remarquable.

Comme le Cameroun, comme aussi le Sud-Ouest africain, la dernière des colonies allemandes était de toutes parts entourée par les possessions de l’Entente. cette circonstance devait décider du plan stratégique de la campagne : une marche convergente de toutes les colonnes vers le cœur du pays.

Les forces métropolitaines de la Grande-Bretagne n’y ont eu qu’un rôle restreint, exemple à retenir avec tant d’autres de l’unité de l’Empire britannique qui fut, une fois encore, magistralement prouvée. Le lieutenant général Smuts y commanda 50 000 hommes, presque tous venus de l’Inde ou de l’Union Sud-Africaine. Et sur l’appui que ces deux pays prêtèrent à la métropole, que de détails intéressans et objectifs ne pourrait-on pas donner ! Il eût été cependant injuste de ne pas mettre en évidence l’effort militaire de la Belgique. En 1914, le Congo comptait peu de forces permanentes. Dispersées sur un vaste territoire, leurs devoirs de police intérieure suffisaient à les absorber. Créer, encadrer, armer, entretenir et ravitailler une armée presque entièrement nouvelle devint donc la tâche primordiale du gouvernement.

Mais ce n’était pas tout. De pair avec cette campagne militaire, les Belges mènent une ardente campagne économique. Derrière les lignes de feu, à droite et à gauche des routes par où s’acheminent ravitaillement et munitions, la colonie se développe avec une régularité et une force qui honorent le « peuple de marchands » que semblaient être uniquement les Belges. Si, comme le soutiennent les spécialistes, l’impôt indigène est le baromètre du développement économique d’une colonie, le Congo Belge autorise, en ce cas, tous les espoirs. En 1915, année de guerre, le chiffre de cet impôt passe de 8 à 11 000 000. Le produit des mines valait 7 000 000 : il en atteint 9 maintenant. Riz, caoutchouc, huile de palme donnent des plus-values inespérées et il n’est pas jusqu’aux nouvelles plantations de coton qui ne réussissent au-delà de toute espérance. Cependant, les voies de communications elles-mêmes sont aussi développées. Le chemin de fer de Kabalo, sur le Congo, au lac Tanganyka en était encore, séparé par cent vingt kilomètres, au début des hostilités. En quelques mois, on le terminait. La ligne du Mayombe est, aujourd’hui, complètement refaite, et sa