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celles-ci toutes ensemble. Ni l’étendue, ni la nature, ni le climat ne purent empêcher qu’au moment voulu toutes tendaient à leur but, comme autant de rayons d’une roue allant au moyeu qui les rassemble. Cernés de toutes parts, les derniers défenseurs de la dernière colonie allemande aperçoivent ou devinent autour d’eux le cercle de leurs ennemis. Je ne sais si sous l’infini et profond et clair ciel d’Afrique les trompes sonnent l’hallali, mais de quelle chasse et de quels détours, de quelle chevauchée et de quels hauts faits la journée n’a-t-elle pas été remplie ? Sous les tropiques, la cause des Alliés sonnait ainsi une première revanche, et le roi Albert de Belgique pouvait exprimer à ses soldats « une profonde gratitude pour la façon brillante dont ils soutinrent sur le sol africain l’honneur et la réputation de nos armes. »

Le 12 mars 1917, le général Smuts arrivait à Londres où il fit aux représentans de la presse des déclarations du plus grand intérêt. Malgré les efforts désespérés du commandement allemand, a-t-il dit, le sort de la colonie est virtuellement réglé. En mars et avril, les grandes pluies ne permettront pas d’opération ; mais, au mois de mai, ou bien les Allemands devront se rendre, ou bien ils tenteront de percer les lignes des Portugais. Ceux-ci sont préparés à tout imprévu. Le général donna les précieux renseignemens que voici : la presque totalité des troupes blanches enrôlées dans l’Union Sud-Africaine pour celle expédition ont quitté la colonie allemande, où, à la longue, le climat leur eût été néfaste. La campagne sera achevée par les bataillons indigènes dont le lieutenant général Smuts a su assurer le recrutement et l’instruction. Il faut en retenir ce fait important : l’Angleterre s’est décidée à faire, pour la première fois, sérieusement appel aux indigènes de ses colonies d’Afrique. Ces troupes, a dit le grand chef boer, pourront, après les opérations décisives, être utilisées sur le front occidental ; d’autre part, il est extrêmement probable que parmi les jeunes boers rentrés dans leurs foyers, des milliers vont offrir de se battre en Europe. Les troupes indigènes ne sont pas, d’ailleurs, seulement formées de nationaux de l’Union Sud-Africaine ou de l’Ouganda. Ainsi, les troupes du général Cunliffe, qui participent actuellement à l’encerclement des derniers Allemands, sont composées de régimens nigériens. Ce sont, en quelque sorte, les Sénégalais de l’Angleterre et tout aussi dévoués à leurs chefs que les nôtres. Ils