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réembarquait laissant 795 hommes sur le terrain. L’ennemi avait subi de rudes coups, car il perdait, parmi les seuls Européens, 400 hommes mis hors de combat[1].

Ainsi les combats allaient se multipliant, et leur trop grand nombre seul les empêche de trouver place ici.

Le 8 février, le gouvernement de Londres décrète le blocus de la côte, laissant aux navires neutres quatre jours pour lever l’ancre. De l’île de Mafia, les patrouilles navales sillonnent l’Océan, malgré les périls qu’offre la navigation autour du delta de Rufiji dont les eaux troubles, s’étalant au-dessus du flot marin, cachent les récifs aux regards des pilotes. Sur terre, l’activité n’est pas moins grande et les engagemens sont aussi fréquens que coûteux[2].

Au cours de la même période, la marine anglaise enregistre, à la fois, un succès et un échec. Le croiseur Kœnigsberg, cerné par l’escadre britannique, s’était réfugié dans le delta du Rufiji et pour le réduire il fallut appeler de la Manche les monitors de haute mer à faible tirant d’eau, Severn et Mersey, ceux-là mêmes qui prirent une part si glorieuse à la bataille des Flandres. Grâce à un excellent réglage de l’artillerie par hydravion, la destruction du croiseur allemand fut achevée le 11 juillet. Par malheur, à la même époque, un vaisseau neutre rempli de canons, mitrailleuses, munitions et ballons captifs forçait le blocus pendant la nuit et entrait à Tanga pour y débarquer sa cargaison.

D’un autre côté, dans l’Ouganda, au Nord-Ouest ; sur le Tanganyka, à l’Ouest ; contre la Rhodésie et le Nyassaland plus au Sud, les Allemands multiplient leurs coups de main. Nous trouvant désarmés, leur rôle était facile. Quelles distances Belges, Rhodésiens et soldats du Cap ne devaient-ils point parcourir avant d’amener à pied d’œuvre le matériel et les effectifs nécessaires ! Ainsi, sur le grand lac, les Belges subissent la suprématie navale de l’ennemi et doivent se disséminer tout le long du rivage Ouest, couvrant une distance d’au moins

  1. Faut-il remarquer ici combien serait inexacte une comparaison entre ces chiffres de tués ou blessés et ceux qui concernent nos champs de bataille. En Afrique, une compagnie représente en force réelle, si l’on tient compte des effectifs engagés, au moins l’équivalent d’une brigade sur un front d’Europe.
  2. Dans une autre circonstance, nos alliés s’emparèrent de plusieurs étendards ennemis, et parmi ces trophées découvraient un drapeau mahométan… de fabrication allemande !