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rapide. » Des chiffres décourageans appuient sa trop véridique déclaration. A la séance suivante du 1er février, il propose d’adopter une série de remèdes, qu’il juge lui-même devoir répugner aux habitudes et aux préjugés de ceux qui gouvernent et font l’opinion, mais auxquels il faut se résoudre quand même, ; « parce que c’est pour la France une question de vie ou de mort. » « Il est temps encore, ajoutait-il, d’éviter, sinon la décadence relative, du moins la décadence absolue. C’est avec une profonde douleur que l’on voit une nation historique de premier ordre sur la voie de la disparition rapide, au milieu des deux milliards et plus d’êtres humains qui se trouveront sur le globe à la fin du présent siècle. »

L’Académie, très impressionnée, ouvrit immédiatement une discussion, à laquelle de nombreux orateurs prirent part et que termina un ordre du jour proposé par M. Alexandre Ribot, accompagné de l’élaboration d’une série de vœux soumis aux pouvoirs publics, sans parler des éloges et des remerciemens prodigués, chemin faisant, au promoteur du mouvement. Bientôt, d’ailleurs, l’Académie, ayant à décerner le prix Jean Reynaud, de la valeur de 10 000 francs, choisit pour lauréat l’auteur de la Question de la population, sur un rapport de M. Boutroux, qui, s’il pouvait être inséré ici, formerait le plus bel ornement de la biographie que nous esquissons. Paul Leroy-Beaulieu ne refusa pas le prix, mais il en employa tout de suite le montant à créer, lui-même, une nouvelle fondation triennale, portant son nom, en faveur de la propagande la plus efficace, ou la plus méritoire, pour le relèvement de la natalité en France. La fondation a fonctionné dès 1916.

La Question de la population ne fut pas son dernier ouvrage, comme nous venons de le dire à tort. Il en existe un plus récent, mais, hélas ! inachevé. Dès la guerre déclarée, en effet, l’Economiste français inaugurait une série d’articles de tête intitulés : la guêtre, la situation, les perspectives, dans lesquels Paul Leroy-Beaulieu s’attachait, avec une autorité et une sélection d’informations des plus remarquables, à mettre en relief les faits essentiels, pour en tirer des conclusions toujours sobres et lumineuses. Le public ne tarda pas à apprécier l’intérêt de ces comptes rendus, dont il suivait la lecture, chaque semaine, avec la plus scrupuleuse fidélité. L’auteur encouragé réunit alors ses articles de l’année 1914-1915 en volume, et,