Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/509

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par les besoins de l’Etat et nous ne pouvons en commander au dehors.

On nous assure cependant, que, cédant aux nombreuses démarches qui ont été faites auprès de lui, le Gouvernement a pris enfin des mesures pour livrer une certaine quantité de têtes, cornières et profilés, permettant d’abord de terminer les navires sur cale et d’entreprendre, ensuite, les nouvelles commandes faites à nos divers chantiers. Nous applaudissons d’avance à cette résolution et en attendons, avec impatience, la réalisation. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et je me garderai d’incriminer notre Gouvernement, dont le dévouement pour la marine marchande s’est heurté à bien des obstacles.

Le problème doit être envisagé a deux points de. vue différens. Ou bien on peut espérer que les usines anglaises seront autorisées à livrer des têtes en supplément du tonnage déjà alloué au gouvernement français, ou bien, faute de mieux, on peut considérer qu’une part sera faite aux chantiers de constructions navales sur le contingent total actuellement importé en France. De toute façon, il est évident que, pour réussir à obtenir quelque chose des autorités anglaises, il est nécessaire de ne leur demander qu’un seul contingent pour tous les besoins de la France quels qu’ils soient. On laisserait aux représentans du Gouvernement français le soin de répartir ce lot pour les ordres à donner et pour les distributions à faire entre les différens consommateurs.

Nous sommes convaincus que l’Angleterre nous accordera le maximum d’acier dont elle peut disposer en notre faveur et qu’elle ne voudra pas nous traiter moins favorablement que les autres alliés.

Même si l’Angleterre ne pouvait pas augmenter le tonnage qu’elle nous attribue, ne serait-il pas possible, cependant, de donner à la marine marchande une portion congrue ? Je connais les exigences de la Défense nationale et l’importance de la constitution d’un matériel de guerre abondant pour nos armées et pour celles de nos alliés ; mais, enfin, n’y a-t-il pas un intérêt vital pour nous à reconstituer notre flotte ? Certains besoins, peut-être moins essentiels, ne sauraient-ils pas fléchir devant l’impérieuse nécessité de réparer les dommages de guerre dont il s’agit ? Personne ne peut nier que les vaisseaux de commerce ne jouent actuellement un rôle militaire, voire