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intéresse fort, qu’on y voit les Franco-Espagnols mettre en ligne contre les batteries de terre anglaises les premières batteries flottantes, celles du colonel du génie d’Arçon. Ces bâtimens, conçus d’après les idées d’une époque où l’industrie du fer était peu avancée, auraient pu cependant opposer avec succès leurs blindages de bois, sable, liège et cuirs verts imbibés d’eau aux boulets rouges de la forteresse s’ils avaient été construits avec soin et engagés dans les conditions fixées par leur inventeur. Il n’en fut rien et la tentative échoua. Elle devait réussir soixante-treize ans plus tard.

La grande lutte de l’Angleterre contre la France révolutionnaire et napoléonienne, au cours de laquelle on relève quantité d’opérations sur les côtes, notamment des diversions réalisées au bon moment par la puissante et très entreprenante flotte britannique d’alors, ne s’est pas terminée par un grand siège maritime. Il ne s’en fallut cependant que de peu d’années. Si le gouvernement anglais avait eu la patience d’attendre 1812 pour faire descendre en Hollande l’armée de lord Chatham, il est probable que l’issue de cette grande entreprise eût été tout autre qu’elle ne fut en 1809 et qu’à la prise de Flessingue eût immédiatement succédé la vigoureuse attaque sur Anvers en vue de laquelle on avait rassemblé de formidables moyens d’action.

En 1813, du moins, le ministère anglais réussit à débarquer dans le Holstein, — sous les yeux presque de Davout qui défendait Hambourg avec 40 000 hommes, — une petite armée commandée par Walmoden. Ce « ramassis, » comme l’appelait dédaigneusement Napoléon, ne laissa pas de contribuer aux victoires de Gross-beeren et de Dennewitz, puis de bloquer dans la grande cité hanséatique le vigoureux maréchal français. À cette époque, toutefois, l’effort militaire de la Grande-Bretagne se portait presque exclusivement du côté de l’Espagne et jamais « diversion, » certes ! ne fut plus décisive que celle-là…

Je ne dis rien, — et l’on m’approuvera de m’abstenir, quelque argument que j’y dusse trouver, — des deux coups violens portés en 1801 et en 1807 contre Copenhague. Le dernier fut un siège brusqué par un bombardement efficace. Au point de vue exclusivement militaire, on trouverait encore là d’utiles leçons. De l’attaque du front de mer de la capitale danoise par Nelson, le 2 avril 1801, ne retenons que l’admirable hardiesse