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de tous tes ennemis. » Puis la clarté céleste s’éteignit et les formes rayonnantes s’évanouirent avec les derniers accords de la harpe de David.

Mais dans l’obscurité de la cellule, l’anneau des épousailles étincelait au doigt de Catherine ; elle le porta à ses lèvres et le contempla avec ravissement ; c’était un anneau d’or sertissant un grand diamant entouré de quatre petites perles : le dur diamant de la foi que rien ne peut rayer, les perles de la pureté d’intention, de pensée, de parole et d’action, comprit-elle.

Désormais Catherine porta toujours son anneau nuptial, mais il n’était visible que pour elle et, par intervalles, disparaissait même à ses yeux lorsqu’elle avait offensé son Seigneur et son céleste Epoux, soit par une parole un peu vive, soit en jetant un regard frivole sur quelque objet mondain. Alors elle pleurait amèrement son infidélité et confessait sa faute, et, dès qu’elle sortait du confessionnal, l’or, le diamant et les perles brillaient de nouveau d’un vif éclat sur sa main…


JOHANNES JŒRGENSEN.