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a vues danser dans un rayon de soleil pénétrant par une persienne entre-bâillée ; — cette diffusion produit dans l’air un éclairement qui éblouit ceux qui sont placés exactement derrière le faisceau lumineux et les empêche de voir les objets éloignés.

C’est pour le même motif, — diffusion de la lumière par les particules d’eau, créant une zone fortement éclairée dans le milieu ambiant, — que l’usage de projecteurs sous-marins si souvent préconisé ne peut pas rendre de grands services.

Tout cela explique pourquoi, dans les navires comme dans les batteries, les projecteurs sont généralement placés à une certaine distance des pièces de canon qu’ils servent.

Quant à la construction même des projecteurs, il nous suffira de dire, sans entrer dans aucun détail, qu’elle est aujourd’hui très perfectionnée. On a longtemps utilisé, comme pièces optiques de ces engins militaires, les réflecteurs inventés par le capitaine Mangin qui vient de mourir et qui consistaient en une lentille divergente concave-convexe, argentée sur sa face convexe, et où la réflexion et la réfraction des rayons se combinaient ingénieusement pour donner des faisceaux lumineux bien parallèles. Le parallélisme des faisceaux émergens est en effet une condition essentielle de la portée lumineuse des projecteurs, car il est clair que si le faisceau émis diverge rapidement au lieu de rester parallèle, l’éclairement produit devient très faible à une petite distance.

Aujourd’hui on préfère aux miroirs Mangin de simples réflecteurs paraboliques ou plutôt paraboloïdaux que l’on a trouvé d’ingénieux moyens de tailler industriellement. Les autorités militaires préfèrent les miroirs métalliques aux miroirs de verre, car ils se laissent à l’encontre de ceux-ci traverser par les balles sans être brisés. Leur surface réfléchissante est argentée ou de préférence dorée (à cause de l’inaltérabilité de l’or). — La source lumineuse est le plus souvent constituée par le cratère de l’arc électrique dont la haute température (environ 3 500°) assure une grande luminosité. Dans les projecteurs de campagne aujourd’hui fréquens sur tous les fronts comme dans les places et dans la marine, l’énergie électrique est fournie, par le moteur même des « autos-projecteurs » variés sur lesquels on transporte ces précieux engins.

Les puissances lumineuses obtenues peuvent être considérables, et, pour ne citer que des chiffres relatifs à certains projecteurs américains récens, les projecteurs Sperry, on obtient avec des réflecteurs d’environ 1 mètre de diamètre (comme on les voit dans la marine ; des