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300 millions de kilomètres. Encore, à cette distance, la parallaxe des plus proches étoiles n’est-elle guère que d’un dixième de seconde d’arc, ce qui est à peu près l’angle sous-tendu à 2 kilomètres de distance pour un objet de 1 millimètre de long. On conçoit ce que la précision des instrumens astronomiques doit être pour permettre de mesurer sans erreur des angles aussi petits.

En fait, avec les télémètres d’artillerie courans, et dont la base est de l’ordre du mètre, on obtient une précision d’environ 5 pour 100, c’est-à-dire qu’on fait une erreur probable d’une cinquantaine de mètres lorsqu’on mesure des distances d’environ 1 kilomètre.

Dans la marine, on obtient une précision supérieure parce qu’on peut y employer des télémètres à base beaucoup plus longue ; certains construits par Barr et Stroud ont jusqu’à une dizaine de mètres de longueur. Chaque tourelle des cuirassés, presque chaque blockhaus est muni de postes télémétriques dans les récentes unités navales. La possibilité de donner dans la marine des dimensions bien plus grandes à ces instrumens que dans l’armée provient de la même cause qui permet de donner aux canons de bord des longueurs très supérieures à celles des canons de campagne : ces engins étant sur les navires invariablement fixés à leur support, et non obligés de se déplacer par rapport à lui comme les canons de terre par rapport au sol, on peut leur donner des dimensions d’encombrement bien supérieures.

Pour en finir avec cette rapide revue des principaux instrumens d’optique nécessaires aux artilleurs, il nous faut indiquer les appareils de pointage des canons qui, outre les niveaux, comportent dans les canons de gros calibre de véritables lunettes micrométriques, et dans notre 75 l’ingénieux collimateur où les images de deux fentes lumineuses en croix sont projetées optiquement sur l’objet à pointer et permettent de mesurer exactement sa dérive et son angle de site, qui définissent, comme je l’ai déjà expliqué, les coordonnées d’un point par rapport au canon.


Parmi les engins optiques dont le rôle s’est montré essentiel dans cette guerre, il n’en est guère de plus importans que les projecteurs.

La nuit, qui supprime souvent et diminue toujours la visibilité, se prête par cela même très bien aux opérations de surprise. Aussi les attaques de nuit ont-elles été et sont-elles encore très fréquentes.