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de cette rivière et le Dniester, et opposaient là une résistance désespérée. Cependant les renforts arrivèrent, et, le 8, la contre-attaque commença sur la droite des [tusses, dans le secteur de la Naraiovka, le but évident de la manœuvre étant de déborder cette droite et de rejeter les Russes sur le Dniester. Le mouvement réussit du moins à dégager Halicz. Les combats continuèrent avec acharnement sur la Naraiovka. Ils sont encore signalés du 16 au 18, puis le silence se fait.

En direction de Brzezany, l’aile droite de l’armée Chtcherbatcheff franchit le 3 l’affluent de la Zlota-Lipa qui, redoublant ce fleuve, couvre les approches de la ville du côté de l’Est, la Ceniava. Mais c’est seulement le 30 que la grande attaque eut lieu sur la Ceniava et en aval du confluent, sur la Zlota-Lipa que les Russes réussirent à franchir. Après les trois premiers jours, ils annonçaient 4 000 prisonniers. Mais l’ennemi avait eu le temps d’amener des renforts, et là aussi, la bataille se stabilisait. Sur tout le front, les lignes étaient fixées sur les points où elles sont encore maintenant.

Au surplus, les événemens de Roumanie amenaient dans la direction générale de la guerre un changement, qui marque la fin de la grande offensive russe. Après un brillant début, les troupes roumaines subissaient à la fin de septembre la défaite d’Hermannstadt, et les Russes allaient avoir à se préoccuper, non plus de soulager leurs voisins par des opérations en Galicie, mais de les soutenir directement. Au début d’octobre, l’État-major russe publia le compte de ses trophées : 420 000 prisonniers, 2 500 mitrailleuses et engins de tranchée, 600 canons.


La campagne, singulièrement glorieuse pour les armes russes, avait duré quatre mois. Elle a été, on peut l’affirmer, une immense surprise pour l’Allemagne. Celle-ci croyait avoir, un an plus tôt, mis la Russie hors de cause jusqu’à la décision. Après l’offensive de mars 1916, elle avait sans doute été étonné des progrès de nos alliés, mais elle croyait que l’insuccès de cette offensive les dégoûterait d’attaquer de nouveau. Et voici que deux mois plus tard la Russie faisait sur les champs de bataille sa réapparition avec une singulière énergie. Presque tout le fruit de l’immense et coûteux effort de l’été 1915 était perdu. Sans doute, des trois objectifs géographiques de nos