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du groupe Evert. Elle ne paraît avoir changé de groupe que dans le cours du mois de juillet. Elle s’étendait au Sud jusqu’au chemin de fer du Kovel à Sarny. — Là seulement commençait le groupe des armées de gauche, commandé par le général Broussiloff. Il comprenait quatre armées : au Nord la VIIIe armée, général Kaledine, de la voie Kovel-Sarny jusqu’à Kremenetz, opposée ainsi à l’armée de l’archiduc et à la gauche de Bœhm-Ermolli ; puis la XIe armée, général Sakharoff, entre Kremenetz et Trembovla, faisant face à la droite Bœhm-Ermolli et à la gauche Bothmer ; la VIIe armée, général Chtcherbatcheff, de Trembovla à l’embouchure de la Strypa, face à la droite de Bothmer ; enfin la IXe armée, général Letchitsky, du confluent de la Strypa à la frontière roumaine, face à l’armée Pflanzer.

Ces quatre armées étaient réunies sous les ordres du général Broussiloff. Ce général commandait un corps dans la guerre de Mandchourie, et il était de ceux, comme Mitchenko et Rennenkampf, dont la renommée avait grandi dans cette guerre malheureuse. Quand le grand-duc Nicolas Nicolaievitch et le ministre Soukhomlinov réorganisèrent l’armée, ils donnèrent à Broussiloff le gouvernement militaire de la Podolie, et le destinèrent à commander une armée. Il eut la gloire, après la première bataille de Lemberg, en septembre 1914, tandis que Russki entrait dans cette ville, de pousser au Sud vers le Dniester et d’arriver à Halicz. Depuis ce moment, il resta toujours en Galicie et sur les Carpathes. Au début de 1915, son armée, la VIIIe, aujourd’hui armée Kaledine, s’étendait du col de Lupkow au col d’Uszok, et c’est elle qui a livré cette prodigieuse suite d’assauts destinés à briser le front autrichien. On a pu voir là l’énergie de sa méthode, et le mordant de son offensive. C’est un homme de taille moyenne, l’air énergique, avec des yeux froids. Il parle peu, se montre peu, et passe pour un chef sévère. Il a reçu le commandement du groupe des armées de gauche au commencement de 1916, après la disgrâce du général Ivanoff.


III

Le 4 juin il passa à l’attaque sur tout le front, depuis le coude du Styr jusqu’à la frontière roumaine. Les Allemands ont cru démêler qu’en les accrochant sur cet immense espace,