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veut créer, bien que la question soit extrêmement claire. Tout à fait différentes étaient les conditions dans lesquelles les Bulgares, envers lesquels la Grèce ne promettait de garder qu’une pure et simple neutralité, ont capturé à Cavalla le matériel en même temps que les troupes. Et la protestation que le gouvernement royal grec a formulée ne constitue nullement pour l’Entente une satisfaction suffisante.

« Si elle était mieux éclairée, l’opinion publique de la Grèce se serait sans doute rendu compte que cette cession de matériel aux Alliés n’a rien qui puisse porter atteinte au patriotisme le plus loyaliste, ni aux règles de droit international.

« Ces armes sont destinées à combattre pour la libération d’un territoire arrosé par le plus noble sang grec. Elles n’ont pas leur place au fond d’un dépôt, mais sur les fronts de Monastii et de Macédoine, où se joue en ce moment le sort de tous les États balkaniques sans exception, belligérans et neutres. Voilà ce que vous devez répéter à ceux qui aiment leur patrie, à ceux qui n’ont comme seul idéal que la grandeur de l’Hellénisme, — grandeur dont les Puissances protectrices se préoccupent plus que tout autre.

« Les ordres supérieurs, en vertu desquels j’agis, sont de ceux qui n’offrent pas de terrain à une longue discussion. Me référant donc à ma note précitée du 3-16 novembre, j’ai l’honneur d’assurer le gouvernement royal grec que, comme preuve de sa bonne volonté, j’exige dix batteries de montagne pour le 1er décembre (n. s.) au plus tard, — la date de la livraison du matériel restant ne pouvant pas dépasser le 16 décembre (n. s.).

« Si je ne reçois pas satisfaction, je me trouverai obligé de prendre, à partir du 1er décembre, toutes les mesures que la situation exigerait.

« Agréez, etc.

« DARTIGE DU FOURNET. »


Cette note ne fut remise qu’à quatre heures du soir, le 21 novembre. Néanmoins, depuis le matin, les milieux officiels grecs pressentaient aussi bien le contenu de la note que l’imminence de son envoi. Aussi une animation particulière régna-t-elle pendant tout l’après-midi et même la matinée de ce jour. À onze heures, entretien du Roi avec M. Lambros. À midi,