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effet ce que firent les gouvernemens du monde entier, belligérans du neutres, excepté celui du « Suprême seigneur de guerre, » chef de chœur de la Quadruple-Alliance. Justement, Guillaume II allait fêter son cinquante-huitième anniversaire, et il avait, à cette occasion, réuni, autour de sa table, à son quartier général, sa famille d’abord, comme il convenait, l’impératrice Augusta-Victoria, les princes Henri et Valdemar, son allié inséparable, l’empereur Charles Ier d’Autriche, et les serviteurs de sa volonté, les ombres de sa majesté au dedans et au dehors, le chancelier de Bethmann-Hollweg, le secrétaire d’État Zimmermann ; pour les pays de la couronne des Habsbourg et de la couronne de Saint-Étienne, le comte Czernin : trois personnages dont la présence révélait que tout ne s’était pas borné à des congratulations, et qu’on en avait fait, ou médité, entre complices, beaucoup plus qu’on n’en voulait dire. M. Zimmermann jouit en Allemagne de la réputation, qu’il ne partage avec personne, pas même avec M. de Bethmann-Hollweg, son supérieur hiérarchique, d’être l’homme le plus spirituel de la Wilhelmstrasse. Il n’est pas défendu de supposer qu’il fut, au cours de ce voyage, particulièrement brillant; et que c’est peut-être pourquoi, lorsque le Chancelier annonça, non sans mise en scène, qu’il se rendrait, le 31 janvier, devant la grande commission du Reichstag, pour y exposer « les vues au sujet desquelles il était allé se mettre d’accord avec l’Empereur, » il ajouta qu’il serait assisté du secrétaire d’État ; et c’est peut-être aussi pourquoi M. Zimmermann fut chargé de rédiger et de signer la réponse allemande à la communication, faite en forme officielle, du message lu parle Président Wilson au Sénat des États-Unis. Fixons donc la chronologie : 92 janvier, message de M. Woodrow Wilson; 27 janvier, réunion au quartier général du Kaiser; 31 janvier, discours de M. de Bethmann-Hollweg à la commission du Reichstag et réponse de M. Zimmermann au message américain.

Le discours ne fut, en vérité, que le commentaire du document; et c’est par conséquent au document lui-même qu’il faut aller tout droit. Quand même il ne porterait pas, au bas de la page, le nom de M. Zimmermann, il n’en porterait pas moins sa marque. La voici, bien visible, et comme gravée, dans le préambule : « Il est très agréable au gouvernement impérial de constater que les lignes directrices de cette importante manifestation (le message Wilson) concordent avec les principes et les vœux auxquels souscrit l’Allemagne. En premier lieu vient le droit de toutes les nations de décider de leur sort et d’être traitées également. En reconnaissance de ce principe, l’Allemagne se