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habitans du château de Chantilly virent passer sous leurs fenêtres un long défilé de cuirassiers français, un grand convoi d’artillerie, le 6e régiment de dragons, qui alla cantonner à Saint-Firmin. La bataille de la Marne était gagnée.

Le domaine de Châalis, dont le conservateur, M. Louis Gillet, mobilisé comme capitaine d’infanterie, est sur le front depuis le commencement de la guerre, reçut également la visite de l’ennemi, qui pilla les communs, la maison du régisseur et les écuries. Après la bataille de la Marne, on eut l’idée d’utiliser les terrains de Châalis pour procurer des légumes frais à l’hôpital de l’Institut. Ce projet fut abandonné à cause de certaines difficultés matérielles.

La liste des établissemens charitables qu’a fondés l’Institut serait incomplète, s’il n’était fait mention de l’ouvroir installé au palais Mazarin et dirigé par Mn, e Laveran, et par « la fille de notre grand Pasteur, Mme Vallery-Radot, que l’on retrouve partout où il y a du bien à faire. »

N’est-il pas vrai que, par l’ensemble de ses initiatives et de ses exemples, l’Institut de France a fait, pendant cette période violente où l’épreuve de la guerre donne la mesure des hommes et des choses, la meilleure des propagandes sociales et morales ?


IV. — LA PROPAGANDE

Dans la séance publique du 25 octobre 1916, M. Paul Deschanel, délégué de l’Académie française, disait à ses confrères des cinq classes de l’Institut : « Depuis la guerre, on a improvisé d’excellentes œuvres de propagande, dont vous avez, mes chers confrères, pris vaillamment votre part. Qui, mieux que vous, peut diriger cette campagne ?… Qui, mieux que vous, peut faire connaître la France, son caractère, ses mœurs, sa famille tendrement unie et ses enfans magnifiques, notre vrai Paris, celui des Parisiens, si différent de celui des étrangers, toute la beauté de cette culture gréco-latine, qui a imprégné notre race d’héroïsme et de vertu ? »

Pour inaugurer cette propagande nécessaire, il fallait faire justice de la campagne de calomnie et de diffamation qu’avait organisée, depuis longtemps, contre la France, une nation chez qui l’on trouve, selon l’expression de M. Gaston Darboux, « des théologiens pour sanctionner les massacres de victimes