Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 37.djvu/898

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux Français une littérature nouvelle, qui ne fût pas une littérature de vaincus. Ils ont signé de leur sang ce pacte avec la victoire. En confiant à la mémoire de la nation de tels exemples, en inscrivant aussi, sur une page glorieuse, les noms des lieutenans-colonels Victor Duruy, d’André, Driant, du commandant Vidal de la Blache, des capitaines Cornet, Hennequin, Bernardin, de Boisanger, du lieutenant Psichari, du sous-lieutenant Allard Méeus, poète de cette « promotion de Montmirail, » qui avait juré d’aller à la bataille en gants blancs, comme à une fête, l’Académie a montré, par l’étendue même des pertes que nous avons subies, et qui sont, hélas ! irréparables, quelle richesse d’intelligence et de force morale contenait l’armée de la France, même avant que la mobilisation eût versé dans ses cadres l’élite de tous les Français. Parmi ses autres lauréats de guerre, l’Académie a distingué un poète au cœur d’apôtre, Charles Péguy ; un architecte épris des lois de la beauté morale, non moins que des règles de l’eurythmie esthétique, Max Doumic, engagé volontaire a cinquante-deux ans ; le caporal Charles Picard, inspecteur des finances ; deux hommes politiques, Pierre Leroy-Beaulieu et Robert Dubarle, un professeur de droit, le sergent Henri Loubers ; un avocat, le sous-lieutenant Henri Gazin ; un sous-préfet, Emile Despax, l’auteur charmant de la Maison des Glycines ; un instituteur, Louis Pergaud ; un professeur d’histoire, Albert Malet ; un diplomate, Raymond Aynard ; un journaliste à l’ancienne mode, quoique nouveau venu dans la presse, Guy de Cassagnac ; un des jeunes maîtres de la critique historique, le capitaine Augustin Cochin ; le sergent Maspero, égyptologue, helléniste, arabisant, et les normaliens Maurice Masson, Emile Clermont, Jules Arren, François Laurentie, Charles Flachaire, Marcel Toussaint, tous morts au champ d’honneur. Et tous ces noms, venus de tous les points de l’horizon social, toutes ces aptitudes diverses, réunies dans un effort commun, ont fait voir les ressources inépuisables et variées que la société civile gardait en réserve pour en doter magnifiquement l’armée au moment de l’appel de la patrie en danger.

Le prix de la langue française a été décerné par l’Académie française à l’Ecole normale supérieure. Cette langue, désormais sauvée d’un impur alliage par l’armée combattante qui défend nos frontières idéales aussi vaillamment que le territoire de notre nation, les normaliens, avec leurs camarades venus des