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De cette classe qui, sous des formes diverses, existe en tous pays et à toutes les époques, l’un des types les plus singuliers et les plus représentatifs est ce Florent Carton Dancourt[1], qui fut l’aïeul de Mme de La Pouplinière. Il était de bonne souche et comptait même quelques illustrations du côté maternel. Son père, capitaine des chasses à Fontainebleau[2], portait le titre d’écuyer ; l’Armorial de Paris pour l’année 1697 décrit au long ses armoiries. Il avait épousé « dame Louise de Londy » ou Londay[3](l’orthographe de ce nom varie selon les auteurs), laquelle, issue d’une noble famille d’Angleterre, se targuait d’avoir pour ancêtre un chevalier de la Jarretière, et descendait du célèbre Guillaume Budé, l’un des savans hommes de son siècle, ambassadeur du roi François Ier auprès de Léon X.


Florent Carton Dancourt naquit à Fontainebleau le 1er novembre 1661, le même jour que le Grand Dauphin, ainsi qu’il le rappelait dans l’épître dédicatoire adressée plus tard à ce prince à l’occasion d’une de ses comédies :


Pour m’attacher à toi le ciel m’a destiné,
Dès le moment qu’au jour il ouvrit ma paupière.
Quel présage heureux d’être né
Le même jour si fortuné
Où tu vis aussi la lumière !


Du premier mariage de son père, Florent avait une sœur, son ainée de sept ans, une sœur appelée Judith qui, en l’an 1654, épousa Samuel Boutinon. C’est un nom qu’on rencontrera bientôt une seconde fois dans cette histoire. Tout ce monde était calviniste ; mais des raisons, auxquelles la politique paraît n’être pas étrangère, déterminèrent l’abjuration, et nous trouvons quelques années plus tard la famille tout entière convertie au catholicisme, même avec une certaine ferveur. Le jeune Florent fit ses études au collège Louis-le-Grand, à Paris, un collège dirigé par le Père de La Rue, jésuite réputé en son temps, non seulement comme prédicateur de la Cour et confesseur de la Duchesse de Bourgogne, mais aussi comme poète lyrique et comme auteur dramatique à ses heures. On sait quel goût spécial professaient alors les jésuites pour ce dernier genre

  1. On trouve souvent le nom écrit avec la particule : d’Ancourt ; mais l’orthographe est bien Dancourt en un seul mot, comme le prouvent toutes les signatures qu’on a du célèbre auteur dramatique.
  2. Le père de ce dernier était sénéchal de Saint-Quentin.
  3. C’était sa seconde femme. Il était veuf de Judith Léger.