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Que les diverses nations adoptent, d’accord, la doctrine du Président Monroe comme la doctrine du monde : qu’aucune nation ne cherche à imposer sa politique à aucun autre pays, mais que chaque peuple soit laissé libre de fixer lui-même sa politique personnelle, de choisit sa voie propre vers son développement, et cela sans que rien le gêne, le moleste ou l’effraie, et de façon que l’on voie le petit marcher côte à côte avec le grand et le puissant.


Il propose encore :


Que dorénavant toutes les nations évitent les complications d’alliances qui pourraient les entraîner à des rivalités de pouvoir, les envelopper dans un filet d’intrigues et de compétitions égoïstes et, par des influences venues de l’extérieur, les détourner de leurs propres affaires.


Kant avait également rangé les alliances parmi les puissances mauvaises qui conduisent l’homme à la guerre :


Des trois puissances, l’armée, les alliances et l’argent, c’est la dernière qu’il faudrait considérer comme l’instrument qui doit le plus sûrement conduire à la guerre. (Paix perpétuelle, 1re sect., 3, p. 345.)


Enfin, dernière analogie : pour Kant comme pour M. Wilson, la maxime si vis pacem, para bellum, est fausse. Ce sont les armemens qui engendrent la guerre ; " il faut les réduire pour atteindre la paix. Kant écrit :


Les armées permanentes (miles perpetuus) doivent avec le temps disparaître complètement.

Car elles menacent constamment de guerre les autres États, par le souci de paraître toujours prêt à la faire ; elles excitent les États à se surpasser les uns les autres par la masse de leurs soldats, masse qui ne connaît plus de limites. (Paix perpétuelle, 1re sect., 3, p. 345.)


M. Wilson ne dit pas autre chose :


La question de limiter les armemens navals pose celle, plus large et peut-être plus difficile, qui consiste à limiter les armées et tous les programmes de préparation militaire… Il ne peut y avoir aucun sens de sécurité et d’égalité entre les peuples si de lourds arméniens doivent continuer dorénavant à faire sentir leur prépondérance, si l’on doit persister à en exécuter et à en maintenir.


Le message traite encore de la liberté des mers ; c’est le seul point sur lequel aucune comparaison n’est possible avec la Paix perpétuelle ; Kant n’aborde pas ce sujet.


Cette collation de textes était nécessaire pour montrer, dans un jour que les gloses sommaires ont essayé de ne pas