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cantonnemens entre Montmédy et Meix-Gérouville-Herbeuval-Villiers-devant-Orval ; le 12e corps (général Roques) qui, après avoir eu son quartier général à Stenay sur la Meuse, s’est rapproché de la frontière belge et a son quartier général aux Deux-Villes, la veille de l’offensive ; le 17e corps (général Poline), quartier général à Mouzon, avec pour objectif, la vallée de la Meuse dans la direction de Carignan et au-delà vers Herbeumont-Cugnon ; le 11e corps (général Eydoux) dans la région Bouillon-Corbion, en liaison avec le 17e corps par Cugnon ; la moitié du 9e corps (général Dubois) qui vient de Nancy et débarque à Charleville, le 20 au matin. Il est jeté immédiatement dans la région de Bièvre-Nafraiture. Dès le 22, il sera complété par l’arrivée de l’excellente division du Maroc (général Humbert). Plus au Nord, la 52e division de réserve (général Coquet) forme l’extrême gauche et garde les ponts de la Meuse entre Fumay et Monthermé ; la 60e division de réserve (général Joppé) débouchera bientôt sur la Semoy dans la direction de Rochehaut. Enfin, la 4e armée est éclairée, à environ deux jours de marche vers le Nord, par les 4e et 9e divisions de cavalerie.

En additionnant les forces des trois armées françaises, c’est la valeur d’environ 12 corps d’armée, sans compter la cavalerie, qui manœuvrent[1] entre Audun-le-Roman d’une part et Givet de l’autre. Force considérable, la plus belle peut-être dont put disposer alors l’Etat-major français.


Conceptions stratégiques allemandes. — Ayant constaté la force des deux armées, il faut essayer de dégager les raisons de leur présence dans cette région, le but stratégique et tactique des deux commandemens.

Du côté allemand, l’accumulation de troupes dans le grand-duché du Luxembourg et dans le Luxembourg belge est un fait profondément réfléchi, soigneusement préparé et qui suffirait à lui seul pour établir la réalité du vaste programme politique et militaire inspiré par les idées de Schlieffen.

Je dirai plus, ce fait porte une puissante lumière sur la décision prise d’avance par le gouvernement allemand de déchaîner cette guerre, dans la certitude où il croyait être d’emporter, sur le front occidental, la victoire complète et

  1. Certains documens officiels parlent de dix corps d’armée : c’est qu’ils ne comptent pas les divisions de réserve.