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moins pour avantage de déchirer les voiles, de nous révéler les forces considérables cachées sous les ombrages de l’Ardenne et de les ébranler avant l’heure où elles eussent été en mesure de surprendre notre centre par leur soudaine irruption.


Deux points demandent à être mis d’abord en lumière : 1° l’importance des forces massées par les Allemands dès le début de la guerre dans le duché de Luxembourg et dans le Luxembourg belge ; 2° l’importance parallèle des forces rassemblées par le commandement français dans ces mêmes parages. Il va de soi que ces accumulations de troupes ne furent pas dues au hasard et qu’elles résultaient de part et d’autre de conceptions stratégiques dont nous essaierons de donner la clef.

Du côté allemand, c’est, d’abord, la Ve armée du kronprinz. — Elle se compose, en procédant d’Est en Ouest : de la XXXIIIe division de réserve, renforcée d’une brigade de landwehr ; sortie de Metz, elle se tient en liaison avec la VIe division de cavalerie ; ces forces combinées menacent Verdun ; — du XVIe corps actif (général von Mudra), s’appuyant sur Thionville d’où il a débouché par Aumetz ; il se développe sur Fillières-Joppécourt ; — du VIe corps de réserve, destiné à attaquer Longwy et à marcher sur Xivry-Circourt ; — du Ve corps de réserve (général comte Solms), qui a bivouaqué autour de Bettembourg, dans le grand-duché de Luxembourg, et qui se portera sur Kœrich, en face de Longwy ; — du Ve corps actif venu de Posnanie (général von Strantz), qui opérera en avant du corps de réserve ; — du XIIIe corps actif (général von Fabeck), qui forme l’aile droite de l’armée du kronprinz et qui était en train d’accomplir un mouvement d’Est en Ouest (d’Arlon sur Neufchâteau), quand il dut faire soudain face au Sud, au moment où l’offensive française se produisit. Le VIe corps actif fit nominalement partie de l’armée du duc de Wurtemberg jusqu’au 30 août ; mais, en réalité, il opéra en liaison étroite avec l’armée du kronprinz au cours de la bataille des Ardennes.

Donc, près de six corps d’armée, sans compter les puissantes garnisons des camps retranchés de Metz et Thionville, qui ne cessèrent d’envoyer des renforts. C’est environ 250 000 hommes appartenant à des formations comptant parmi les meilleures, puisqu’on y remarque le XVIe corps (de Metz), si souvent