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maîtres, c’est elles qui sont nos maîtresses. Nous ne ferons pas la paix, quand nous voudrons ; nous ferons, non pas une paix quelconque, mais cette paix, quand nous pourrons. Quelle paix ? Les Alliés l’ont dit, à maintes reprises : « Une paix qui leur assure les réparations, les restitutions et les garanties auxquelles leur donne droit l’agression dont la responsabilité incombe aux Puissances centrales ; une paix qui permette, d’autre part, d’établir, sur une base solide, l’avenir des nations européennes. » Ils savent que, par la guerre, belligérans ou neutres, plus ou moins, toute l’humanité souffre. Et ils ne veulent pas que, pour eux, elle souffre plus longtemps qu’il ne le faudra. Mais ils ont conscience de la défendre, autant que de se défendre, de défendre, avec leur droit et leur indépendance, « le droit et l’indépendance des peuples. » Une assimilation avec « l’autre groupe de belligérans » les blesserait, mais ils savent que le Président Wilson n’y saurait songer. Pour la partie positive, la réponse énumère, avec une franchise que certains ont estimée excessive ou prématurée, les données territoriales d’une future Europe, libérée, pacifiée, « tranquille et stable. » Évidemment, c’est dans cette partie que sont les contingences, s’il doit y en avoir, mais des contingences qui elles-mêmes sont et resteront fonction des nécessités supérieures. La loyauté de notre réponse, gage à la fois de la probité de nos desseins et de la fermeté de nos résolutions, ne pouvait manquer de plaire à l’homme loyal, probe et ferme qu’est M. Woodrow Wilson. Il n’en dissimule pas sa satisfaction. Aussi bien sa question ne s’adressait-elle qu’à « l’un des groupes de belligérans, » à l’autre, à celui qui volontairement s’était tenu dans le vague, espérant qu’il pourrait en nourrir ses exigences, et y accroître ses gains. « Les Puissances centrales, fait observer le Président au Sénat de Washington, ont déclaré purement et simplement qu’elles étaient prêtes à se rencontrer dans une conférence avec leurs antagonistes pour discuter des conditions de la paix. Les Puissances de l’Entente ont répondu d’une façon beaucoup plus définie et ont déclaré, en termes généraux, certes, mais d’une façon qui montre suffisamment les arrangemens, les garanties et les actes de réparation qu’elles jugent indispensables pour un règlement satisfaisant. » Soyons, nous aussi, entièrement sincères. Lorsque M. Wilson prophétise : « Dans toute discussion de la paix qui mettra fin à cette guerre, on reconnaît que cette paix doit être suivie de quelque union de Puissances bien définie qui rendra virtuellement impossible que pareille catastrophe nous accable de nouveau, » on applaudit ;