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monde appauvri et où la concurrence sera plus vive que jamais, ce qu’il faut avant tout, c’est une régénération de ses méthodes et de ses forces industrielles et commerciales, une main-d’œuvre plus souple et plus productive, un outillage plus perfectionné, une direction plus scientifique, plus ouverte et plus hardie ; la guerre a d’ores et déjà produit ici son effet, et le gouvernement se prépare à faire ce qu’il peut pour donner, par des instituts techniques, plus de science à l’industrie, et par une banque spéciale, plus de facilités à l’exportation britannique. Quant à un changement radical dans les traditions de la politique douanière de l’Angleterre, avouons que nous n’y pouvons croire. Elles ont dans l’opinion de trop fortes racines, elles cadrent trop bien avec les intérêts généraux du pays pour être aisément brisées ; et la voie du protectionnisme est semée de trop d’obstacles pour que le pays s’y lance témérairement. En dépit de la « révolution de Manchester, » l’« idole » du libre-échange est encore debout. Que l’on recoure à des mesures de défense commerciale contre les Austro-Allemands, à des mesures d’entente avec les alliés, cela est probable, et désirable, et conforme aux vues proposées par la Conférence de Paris ; mais cela ne veut pas dire que l’Angleterre, qui fut la grande initiatrice de la liberté économique aussi bien que de la liberté politique, reniera de sitôt les principes qui ont fait sa force : amis, alliés, cliens de l’Angleterre, les Français ne sauraient le lui souhaiter.


L. PAUL-DUBOIS.