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s’empressa de publier sur l’Angleterre et sur la Cour britannique des appréciations et des souvenirs dont la causticité eût pu être tempérée avec avantage par quelque discrétion d’état.

Un nouvel exemple de ces fantaisies qui nous paraîtraient, à nous, un peu indisciplinées, vient d’être apporté au public, avec l’excuse toutefois que l’enfant terrible de la Carrière, dont il s’agit aujourd’hui, est une femme. Ses impressions et ses indiscrétions sont présentées sous la forme d’un de ces beaux livres comme on sait les éditer à New-York et qui est intitulé : Une femme de diplomate au Mexique[1].

Mme O’Shaughnessy était, il y a peu d’années, fort entourée à Vienne où son mari faisait fonctions de secrétaire de l’ambassade des États-Unis. De là, à son grand chagrin, il devait être envoyé au Mexique, poste beaucoup plus important aux yeux du Cabinet de Washington, mais, — alors du moins, — plus démuni d’attraits que la ville du beau Danube bleu. C’est de Mexico que Mme O’Shaughnessy a écrit ce livre qui, sous une reliure frappée aux trois couleurs de la Fédération mexicaine, est une collection de notes, ou plutôt d’extraits de lettres presque journalières adressées par l’auteur à sa mère, durant la dernière période de la dictature du général Huerta.


Le recueil s’ouvre le 8 octobre 1913. Le jeune ménage de diplomates est de retour a Mexico, après une absence au cours de laquelle s’étaient déroulés les événemens les plus graves, notamment la chute et la mort de Madéro, événemens auxquels l’opinion avait tendance à mêler si étroitement l’ambassadeur des États-Unis, M. Henry Lane Wilson, que ce dernier venait d’être rappelé à Washington, laissant l’intérim à son secrétaire. Le 20 avril 1914, les troupes américaines débarquaient à la Veracruz. Les relations diplomatiques étaient rompues et, peu de jours après, le récit du départ de M. Nelson O’Shaughnessy avec sa jeune femme et son personnel met le point final au volume.

Or, disons-le tout de suite : l’intérêt essentiel de ce livre, ce n’est pas seulement le ton alerte et dégagé du style. Ce n’est pas seulement l’ « humour, » la perspicacité de l’observatrice, sa sympathie passionnée toujours en éveil pour les drames

  1. A diplomat’s wife in Mexico, by Edith O’Shaughnessy, illustrated. Harper & brothers, publishers. New-York and London.