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put organiser son service d’une façon à peu près satisfaisante, — savoir : dans un régiment, un bataillon au front pendant deux jours ; un bataillon en réserve de secteur pendant deux jours, les bataillons se relevant tous les deux jours ; — l’autre régiment au cantonnement pendant quatre jours, les régimens se relevant tous les quatre jours.

Cependant le quartier général n’avait pas renoncé à la continuation de l’offensive, qui devait être reprise le 24 décembre, mais montée cette fois par des dragons à pied et deux pelotons cyclistes. L’objectif restait le même : c’était toujours cette Grande-Redoute, chef-d’œuvre de castramétation en rase campagne, dont le type, promptement généralisé par l’adversaire, étendu à tout le front et recevant chaque jour quelque perfectionnement, allait lui offrir la protection permanente d’une sorte de muraille de Chine, de nouveau mur calédonien, mais de mur en profondeur, si l’on peut dire, derrière lequel il pourrait se reconstituer et préparer à loisir son offensive sur le front oriental. L’artillerie des divers groupemens devant appuyer l’attaque et les fusiliers marins se tenir en soutien le long du canal, l’amiral donna des ordres en conséquence. Mais, plus libre dans la manifestation de ses sentimens, dès lors que ses hommes n’étaient pas directement en cause, il crut devoir adresser au quartier général une note de service exposant les raisons de l’échec éprouvé par les marins le 22, « raisons qui, à son sens, ne pouvaient manquer de faire échouer l’attaque du lendemain, les conditions du combat demeurant exactement les mêmes. » Cette note, appuyée d’un avis favorable du général Hély d’Oissel, fut transmise au général d’Urbal, qui contremanda l’offensive, en attendant d’avoir à sa disposition une artillerie lourde et des munitions suffisantes pour la reprendre avec des chances de succès.

Peut-être, et par la même occasion, apparut-il au commandant de la 8e armée que, dans l’état d’épuisement où se trouvait la brigade, sa valeur combative avait bien diminué et ne lui était plus d’aucun appoint. Tel était cet état d’épuisement[1], les effectifs fondaient avec tant de rapidité, que

  1. « Les hommes sont éreintés. Ce matin (23), la compagnie en a envoyé trente à la visite, et, si beaucoup n’avaient préféré prolonger leur sommeil, le nombre aurait été sensiblement plus grand. Peu de pieds gelés cependant, mais rhumatismes, engelures, diarrhées. » (Carnet de l’enseigne P…)