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200 mètres des tranchées principales[1]. » Le feu violent qui sortait de celles-ci l’obligea de s’arrêter et de se défiler dans les fossés voisins. Bonnelli était blessé ; son enseigne Boissat-Mazerat, placé en flanc-garde, recevait au milieu du dos, pendant qu’il parlait à ses hommes, une balle dum-dum qui mettait « en miettes » tout son « trésor de guerre, » mais ne lui causait qu’ « un vague séton du bras. » L’officier des équipages, Séveno, et le premier maître de la compagnie tombaient à ses côtés. « Nous voilà livrés à nous-mêmes sans gradés, écrit Maurice Faivre. Tous nos officiers sont blessés, légèrement cependant. Le second maître, ayant été blessé également, s’est traîné sur l’arrière après avoir été pansé par moi… Je suis dans un champ, derrière une haie, à 40 mètres des « autres » et à 200 mètres du canal. Nous sommes sept malheureux poilus à avoir les pieds inondés… Le reste de la compagnie est en tirailleurs sur notre gauche ; nous allons demander la jonction avec elle… Le capitaine Pitous prend le commandement [de la 4e compagnie]. » Mais il ne le prenait que pour le quitter presque aussitôt, une balle l’ayant atteint à l’œil comme il se découvrait « pour observer la position ennemie. » Ce n’était pas tout, et l’adjudant-major Dordet, qui commandait ce secteur de l’attaque, n’avait pas plutôt reçu le renfort de mitrailleuses (capitaine Cayrol) dont il avait besoin pour tenter un nouveau bond, qu’il était arrêté à son tour par des salves nourries partant de « maisons incendiées situées en face de la passerelle[2]. » Il demande au commandant Bertrand de faire bombarder ces maisons. L’ordre est transmis : le tir de réglage est « bon en direction, » mais trop long de 200 mètres. Trois biplans français se détachent pour survoler la position. Et, cette fois, les obus tombent en plein dans nos lignes. Enfin, sur les indications du capitaine de Monts, qui se tient en observation dans la tranchée de la tête de passerelle, le commandant Bertrand réussit à faire rectifier le tir ; mais il y a encore une « sacrée batterie » qui s’obstine à tirer 200 mètres trop court et 150 mètres trop à droite. « Les quelques types que j’avais avec moi sont affolés, écrit Maurice Faivre, et se

    partie inondés. La compagnie semble seulement être parvenue à proximité des tranchées principales. (Voyez plus loin Maurice Faivre.)

  1. Moniteur de la Flotte.
  2. Journal de route du commandant B…