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d’avaries qui ne se peuvent poursuivre qu’en surface et en lieu sûr ; il lui faut bien d’autres choses et, tout particulièrement, se reposer. On n’imagine pas quel besoin c’est, pour un sous-marin, même de très grande taille, de se reposer, de s’étendre, si j’ose dire, de s’étaler sur l’eau, d’ouvrir partout, de respirer à pleins poumons !…

Et, donc, un point de relâche, une base secondaire d’opérations lui est indispensable. Comment se la procurer ?

J’entends bien qu’il existe, dans les parages lointains que je désignais tout à l’heure, nombre de points, petites îles presque désertes, baies écartées et peu fréquentées, où l’on pourrait faire un établissement provisoire, sauf à l’abandonner et chercher fortune ailleurs, quand cette base clandestine serait découverte. Je ne m’arrête pas, du reste, à la solution qui consiste, pour le sous-marin de petit ou moyen tonnage, à se reposer sur le fond même de la mer, lorsque ce fond ne dépasse pas une quarantaine de mètres. Cette solution est évidemment insuffisante. Bateau et personnel n’y peuvent trouver qu’un soulagement précaire. Il est douteux, en outre, qu’une unité de 4 000 à 5 000 tonnes s’en puisse accommoder sans inconvéniens. Quant aux ravitaillemens à la mer qui restent toujours possibles, et de diverses manières, ce ne sont, j’y insiste, que des ravitaillemens. Le sous-marin ne tarde pas à demander autre chose, si puissant, si « autonome » qu’il soit.

Eh bien ! supposons doublé, triplé, le nombre de grands submersibles qui ont bombardé Funchal au commencement de décembre dernier. Supposons que cette petite place maritime eût paru à l’assaillant mal gardée et susceptible d’être, enlevée d’un coup de main avec une poignée d’hommes résolus, jetés à terre après un bombardement efficace. Ne voilà-t-il pas, toute trouvée, la solution complète qu’on recherche ?

Complète ? Assurément non, va-t-on m’opposer. Car il ne s’agit pas seulement de prendre. Il faut conserver ; et ce n’est pas avec les disponibilités de quatre ou cinq équipages de sous-marins, fussent-ils de 5 000 tonnes, que l’on constituerait une garnison suffisante.

C’est très juste. Mais il y a réponse à cela. Il y a le Deutschland. Il y a le sous-marin transport : car enfin, si les Allemands ont jugé à propos de créer le sous-marin de commerce, le sous-marin capable, en tout cas, de porter plusieurs