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paraîtra le mieux appropriée aux intérêts matériels de la France, en même temps qu’k la santé physique et morale de son peuple.

Sur ma demande, et à titre de documentation, le docteur Bratt a bien voulu me décrire l’organisation du Stockholm-Systemett et m’en montrer le fonctionnement. Ensemble, nous visitons les bureaux où une armée de jeunes femmes et de jeunes gens collectionnent des fiches, constituent des dossiers, préparent et délivrent des carnets individuels.

— Chaque Société ayant obtenu du gouvernement la monopolisation de l’alcool, m’explique le docteur Bratt, en organise et en administre la vente dans le rayon qui lui est acquis. C’est ainsi que nous avons un Système de Stockholm, un Système de Gœteborg, etc. Nul commerçant, en dehors de cette Société, n’a le droit de vendre ou d’acheter, dans les limites qui lui sont reconnues. Mais il existait entre les diverses Sociétés des zones qui échappaient à toute surveillance. En conséquence, la Société de Stockholm a demandé au Riksdag de compléter son décret du 25 septembre 1914, en décidant que désormais le domaine d’une Société soit limité par celui des Sociétés avoisinantes. Ainsi les trafiquans de l’alcool se trouveront pris dans un filet entre les mailles duquel ils ne pourront s’échapper.

« Pour assurer le contrôle de la vente, le Stockholm-Systemett a décrété l’adoption du carnet à souches individuel. Ces carnets, dont j’ai eu en mains les spécimens, sont imprimés par des machines spéciales, destinées à empêcher la fabrication en double du même numéro. Ainsi, dès le début, toute tricherie est rendue impossible. La Société délivre ce carnet sur demande et, au besoin, après enquête. Elle a le droit de le retirer en cas d’indignité ou d’abus. La quantité d’alcool autorisée est de 16 litres par trimestre et par famille.

« Tout acheteur doit présenter son carnet au dépositaire chez lequel il se pourvoit et apposer sa signature sur une feuille destinée à contrôler sa consommation trimestrielle. Cette feuille, numérotée, correspond à une fiche, également numérotée et signée une fois pour toutes, qui est conservée dans les bureaux de la Société et porte toutes les indications de nom, d’âge, d’adresse, de situation sociale, permettant une exacte et rapide identification de l’individu.

« Chaque fois qu’un carnet est retiré, la fiche numérotée est