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aboutissent à la capitale de la Macédoine. Au Nord de l’Ëpire, d’abord, nous avons la route, la seule bonne peut-être de cette région, qui va de Santi Quaranta à Janina et de Janina à Kalambasia, aboutissement du réseau ferré grec de Thessalie. Mais la partie qui traverse le Pinde aurait probablement besoin de quelques retouches. Sans entrer ici dans une discussion de l’ordre de la stratégie politique, j’observe seulement que les affaires des Balkans occupent notre attention depuis vingt mois et qu’il y en a vingt-huit que nous sommes en guerre.

Au reste, la route qui part de Santi Quaranta a surtout pour objet de relier Monastir, notre nouvelle conquête, et Ochrida d’Albanie, ainsi que, par répercussion, toute la Serbie du Sud, à l’Adriatique. Cette voie atteint en effet Monastir soit par le Sud, soit par le Nord du lac Prespa. Et, je le répète, elle est praticable. Enfin, de Korica, point intermédiaire entre Janina et Monastir, se détache une branche qui va jusqu’à Florina de Macédoine. C’est assez dire combien un tel réseau eût pu être utile, cet été et cet automne. N’insistons pas. Toutes les fois que l’on creuse les questions qui touchent à la conduite générale de cette grande guerre, on se trouve en présence de faits de ce genre.

Nous n’avons d’ailleurs pas épuisé nos ressources en voies de communications mixtes. Laissons notre transport descendre au Sud, le long de la côte grecque, à l’abri de la défense mobile de Corfou, puis derrière Paxos, Sainte-Maure, Céphalonie et l’Ithaque du prudent Ulysse. Il arrivera probablement sans encombre à Patras de Morée, où il trouvera le chemin de fer Corinthe-Athènes-Thèbes-Larissa-Salonique. Mais le détour par Athènes, imposé par la profondeur du golfe de Corinthe, semblera peut-être un peu long. Dans ce cas, rien de plus aisé que de descendre à Itia, du golfe en question, sur la côte de la Phocide, d’où une bonne chaussée conduit au chemin de fer de l’Hellade par Grabia de la Doride. Le raccourci est considérable et vaut bien une marche de 40 kilomètres environ, facilitée, si on le veut, par un service de véhicules automobiles.

Admettons toutefois que des difficultés insurmontables, — si tant est qu’il puisse y en avoir en temps de guerre, dans cet ordre de faits, — se soient opposées à l’utilisation d’une ligne de communication mixte à laquelle, d’ailleurs, des esprits chagrins peuvent reprocher l’inconvénient des transbordemens ;