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une chose que l’Empereur désirait. J’ignore quel sera le résultat de tous les sacrifices que je fais jusqu’à présent. J’en ai peu de consolation, car l’Empereur semble m’avoir oubliée, quoique je sache qu’il rend justice à la conduite que je tiens. Adieu, mon cher Eugène, je ne te parle pas de ma tendresse : tu sais combien je t’aime.

« JOSEPHINE. »


Le règlement des dettes antérieures à 1812 est achevé à la fin de janvier, sur un rapport de Mollien à l’Empereur. Joséphine désirait rendre l’Elysée, moyennant une forte somme en argent ou un supplément de douaire ; l’Empereur trouva plus aisé de le lui échanger, sans la consulter, pour le palais de Laeken, quitte à occuper Laeken lui-même, malgré l’échange.

On ne saurait douter que la lettre d’Eugène à laquelle répond celle qu’on va lire n’ait été motivée par les plaintes de quelque Tascher au sujet de la dot offerte par l’Impératrice à Mlle Annette de Mackau, mariée, le 22 janvier 1812, en la chapelle de Malmaison, au général Pierre Wattier, comte de Saint-Alphonse. Venant après la dot de Mlle de Castellane-Norante (Mme Pourtalès), les Tascher pouvaient regretter que les libéralités de l’Impératrice n’allassent point à eux seuls. Ils n’avaient pourtant pas eu à se plaindre et, si l’absence des comptes postérieurs à 1809 empêche de présenter des certitudes, les comptes antérieurs ne laissent point de doute sur la façon dont Joséphine a traité, — et fait traiter par Napoléon, — tous les membres de sa famille et de la famille Beauharnais.


A Malmaison, ce 22 février (1812).

« J’ai reçu ta lettre du 14, mon cher Eugène ; elle m’a fait d’autant plus de plaisir qu’il y avait déjà quelque temps que je n’avais reçu de tes nouvelles. J’ai été moi-même privée de t’écrire, ayant souffert pendant quelques jours d’un catarrhe humoral. Je me trouve mieux à présent, mais je vois avec peine, par la dernière phrase de ta lettre, que tu ne viens pas à Paris avant d’aller à l’armée, comme on le disait. J’aurais eu bien du plaisir à te voir et j’aurais eu besoin de ta présence pour mes affaires. Tu sais que l’Empereur m’a donné le palais de Laeken en échange de celui de l’Elysée ; toi seul, mon cher