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tableau si vrai, et si large, de la vie littéraire et politique de l’homme de génie que nous avons perdu. Ceux qui, comme moi, ont aimé autant qu’admiré M. de Chateaubriand, seront heureux de retrouver là tout l’idéal de son talent et de son caractère. Ils vous sauront gré d’avoir embrassé dans une même étude les deux faces de cette noble vie et d’avoir fait une égale part de gloire au penseur inspiré et à l’homme d’Etat patriote. Le même esprit, qui a marqué de son empreinte la poésie du XIXe siècle, a conçu le premier, pour l’exemple de tous, cette alliance de la tradition et des principes qui est le seul port de salut pour notre malheureux pays. En louant avec une éloquence digne du sujet ses mérites à cet égard, vous vous êtes associé à son œuvre ; par l’impartialité de votre pensée et le calme persuasif de votre langage, vous aurez contribué dans cette circonstance à la grande conciliation nationale, sans laquelle, tout le fait craindre, hélas ! notre société succombera. « Agréez de nouveau, monsieur le duc…, etc., etc.

« AUGUSTIN THIERRY. »


Tu duca, tu signore et tu maëstro,


saluait Augustin Thierry, comme Dante fait à Virgile, celui qu’au temps où triomphait Hugo, il proclamait toujours le plus grand génie de son siècle. A l’heure où, battues en brèche, les idées qu’avait défendues Chateaubriand semblaient à jamais abolies, fidèle à ses enthousiasmes d’enfant, pieusement, l’historien, lui aussi à jamais illustre, conservait intact le culte de son dieu et gardait le rayonnement de cette belle gloire française au fond de ses yeux morts.


A. AUGUSTIN-THIERRY.